VOYAGE D’ÉTUDES

 

48 HEURES AU PAYS DU CRISTAL

 

 

Il est parfois des territoires peu connus dans lesquels se réveillent et se révèlent les liens particuliers entre site, histoire et hommes. Les verreries de Lorraine montrent combien ce lien entre le milieu naturel et l’activité est fort. Mais que faut-il pour faire du verre ? De la silice (fournie par le sable du grès), de l’eau, du salin (potasse) comme fondant et le bois en combustible. Un peu de plomb en plus pour en faire du cristal et un savoir-faire qui remonte au XVIème siècle. Ce qui rend Wingen-sur-Moder particulier dans cette vallée du Cristal tient en trois noms : Lalique, Meisenthal et Klein.

 

 

Entrée du Musée Lalique © D.Desaleux

 

 

PREMIER JOUR

 

10h : Musée Lalique

 

Autant commencer par une plongée dans ce que l’histoire du cristal a de plus connu ou de médiatique : Lalique.

 

Révélé pour ses bijoux, René Lalique se tourne vers l’art verrier et en premier lieu les bouteilles de parfum. Dans les années 20, profitant de l’eldorado économique d’après la guerre en Lorraine c’est dans la vallée de la Bitche qu’il choisit d’installer son usine. Si les années 70 ont vu le déclin des usines, le rachat par Sylvio Denz de la marque en 2008 lui permet de renouer avec les bénéfice et de relancer localement cette activité.

 

Lustre de Marc Lalique, 1951 © Musée Lalique

 

Le musée est implanté sur un ancien site verrier, en activité entre 1715 et 1868 et inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1996. Conçu comme un écrin sobre, le musée Lalique livré en 2011 par l’agence Wilmotte avec la scénographie sombre de dUCKS Sceno, s’inscrit dans son environnement naturel et son patrimoine architectural. La topographie des lieux met en avant les édifices anciens tandis que le nouveau bâtiment est semi-enterré. Le toit végétalisé offre une continuité visuelle avec la forêt. Les galeries de verre permettent quant à elles de faire le lien entre les différents espaces, ouvrant la vue sur les Vosges ou sur un jardin intérieur d’inspiration japonisante des paysagistes Neveux et Rouyer.

 

Le choix audacieux du parement en pierre grise ou verte selon la lumière offre une réponse pertinente aux couleurs du paysage sans heurter le traditionnel grès rose.

 

Villa René Lalique

 

14h Il n’y a qu’à traverser la rue et s’installer au Château Hochberg, initialement nommé Château Teutsch, du nom de la famille qui le fit construire entre 1863 et 1866 et en fut le dernier propriétaire. Acquis en 2014, par Silvio Denz, le château devient, après la transformation de la villa, la deuxième version du jumelage entre le pavillon Mario Botta et l’architecture alsacienne traditionnelle, ici grès, à la villa colombages. Design très clair pour cette réhabilitation et décoration collaboration entre Lalique Interior Design Studio, dirigé par Adeline Lunati, et Christine et Nicola Borella, fondateurs de l’agence Borella Art Design. Mais déjà beaucoup de cristal et de motifs dans le décor.…

 

16h : la route du cristal peut prendre de nombreuses directions : Musée du Cristal de Baccarat (54120), Cristallerie de Portieux (88330), Musée de la Grand Place à Saint Louis (57620)… et bien d’autres. L’important est d’être revenu à Wingen pour…

 

Château Hochberg © Studio Adeline Wagner

 

20h : …s’installer dans le pavillon de Mario Botta coté villa Lalique pour écouter les mots paisibles mais passionnées de Jean-Gorges Klein et Paul Stradner. Les deux chefs, dans leur travail commun au restaurant 2 Etoiles Michelin, ont amorcé il y a quelques années la transmission du premier, chef historique de l’Arnsbourg, vers le deuxième, talentueux chef autrichien qui travaillait à ses côtés et qui maintenant avancent ensemble à la Villa Lalique.

 

Il est question d’équipe, de grands classiques de la gastronomie, de respect, d’identité, de prise de risque, de créativité et de transmission. Leurs assiettes reflètent toutes ses valeurs et leur présence avec ce si particulier tablier plissé en font un moment inoubliable

 

Fabrication LAB, design studio Clara + Clémence © Guy Rebmeister

 

Détour obligé par la cave de 60 000 bouteilles, une des grandes passions du propriétaire Silvio Denz et gérée par Romain Iltis, tout aussi théâtrale que la salle de restaurant avec au fond le buffet noir signé Tina Green et dont deux volets s’écartent permettent d’entrevoir les coulisses. Omniprésent aussi le cristal sous toutes ses formes, oublié dès la mise en bouche.

 

Photo de couverture : Boules de Noël de Meisenthal © Guy Rebmeister

 

Découvrez la suite du voyage d’études dans le numéro 100 du magazine Archistorm, disponible en kiosque.