PORTRAIT D’AGENCE

AGENCE BABEL + PRADO

 

Issue du rapprochement de deux agences implantées respectivement à Paris et Marseille, Babel + Prado défend depuis 2012 une vision incarnée de l’architecture urbaine, en lien étroit avec leur engagement politique de longue date au sein de grandes institutions architecturales françaises. Plus de six ans après ce « mariage », retour sur l’identité singulière d’une agence à la géographie double, capable d’allier un savoir-faire généraliste à des compétences spécialisées grâce à une puissante réflexion sociale sur l’urbain et ses enjeux.

 

D’un côté, il y a d’abord Michel Seban, fondateur en 1977 de l’agence Babel à Paris, spécialisée dans la scénographie et la conception d’équipements culturels. De l’autre, Jean-Luc Perez, fondateur en 1996 de l’Atelier du Prado à Marseille, expert dans le domaine de la santé et des établissements hospitaliers. Né en 2012, leur projet d’alliance n’avait au départ d’autre but que de fédérer des compétences diverses pour permettre un accès différencié à la commande, des changements d’échelle vivifiants et, bien sûr, une implantation plus riche sur le territoire français. Pourtant, six ans après ce « mariage », Babel + Prado semblent porteurs d’un projet qui dépasse largement la simple question de leurs complémentarités, tant territoriales qu’en matière de compétences. Passés tous deux par des postes à hautes responsabilités dans les grandes institutions d’architecture du pays (Michel Seban fut le Président du Conseil de l’Ordre des architectes Île-de-France 2002 à 2006, fondateur de la Maison des architectes en 2004 et Jean-Luc Perez fut en 2014 secrétaire général de l’Académie d’Architecture dont il est aujourd’hui membre titulaire), les deux hommes sont en effet à un stade de leur carrière où la transmission constitue également un enjeu central de leur profession. Bien que très différents dans leur tempérament, ils voient aujourd’hui leur association comme une manière de transmettre leur approche ouvertement politique de l’architecture, marquée par une compréhension fine et engagée des enjeux posés par la ville.

« La moitié des raisons de notre association, explique en ce sens Jean-Luc Perez, réside dans une réflexion commune sur la ville. En 2035 il y aura 11 millions de français supplémentaires qui vivront en milieu urbain, ce qui entraîne nécessairement une recomposition de la manière d’habiter et de penser l’architecture. Que l’on fasse des parkings, des grands hôpitaux, des équipements culturels ou des logements, tout est selon nous une question d’urbanisme. » Une autre manière de dire que la question du bâtiment, de l’espace et de la forme n’est plus aujourd’hui la seule question de l’architecture, et que l’enjeu est peut-être ailleurs… Notamment dans la pertinence des « scénarios de vie » que proposent aujourd’hui leurs différents projets, tous domaines confondus, menés avec leur troisième associé Bernard Mauplot.

 

Car, si chez Babel+Prado, les échelles sont multiples et les champs de compétence extrêmement variés, c’est bien cette question du scénario de vie proposé aux habitants et usagés qui semble être au fondement de toute réflexion. Qu’ils abordent le projet de réhabilitation et d’extension du bâtiment de Jean Le Couteur – situé au cœur de Pointe à Pitre – en Centre des Arts et de la Culture (7ha), le projet de CHU mené avec Architecture Studio dans la même ville (80ha), ou encore le projet de rénovation urbaine et de désenclavement du quartier des Flamants dans le nord de Marseille (15ha), c’est en effet toujours de la même question dont il s’agit. « Lorsque l’on fait un bâtiment, on propose une sorte de scénographie urbaine dans laquelle la société se représente et cherche à résoudre un certain type de problème. On ne créé pas des machines célibataires, on est toujours dans une forme d’aménagement, explique Jean-Luc Perez. »

 

 

Texte : Adrien Pontet

Visuels : © Juan Jerez

 

Retrouvez cet article au sein d’ArchiSTORM #91