CRÉATION

ARBORETUM, NANTERRE PAR NICOLAS LAISNÉ ARCHITECTES ET LECLERCQ ASSOCIÉS

Des bureaux tout en bois où l’on se précipite pour aller travailler… Utopie ? Pas du tout ! Le projet Arboretum à Nanterre, porté par des promoteurs et des architectes ultra-visionnaires, marque le début d’une ère nouvelle qui remet l’humain et son bien-être au cœur du projet et de la nature. Retour sur une mutation.

Imaginez une immense avenue… qui serait un long cours d’eau pittoresque serpentant jusqu’à la Seine au milieu d’un grand parc — véritable arboretum de 600 essences remarquables. Un potager et un verger y occuperont également une partie importante. Esthétiques, productifs et écologiques, ces derniers sont aménagés en pleine terre et organisés pour que soient cultivés, sans pesticides, fruits et légumes, plantes aromatiques et fleurs (pour une récolte attendue de plus de neuf tonnes). Imaginez des ruches au sein de ce parc, et des abeilles butinant les fleurs de saison. Imaginez cinq bâtiments indépendants (plus deux bâtiments industriels des anciennes Papeteries de la Seine, réhabilités en centre de séminaire nouvelle génération, restaurant panoramique, et espace de 2 000 m2 réservés à un club sportif) qui viennent doucement et respectueusement se déployer autour de ce nouvel axe de nature. Chaque grand bâtiment — composé de trois bâtiments disposés en éventail — porte le nom d’un arbre différent ; on y pénétrera par un jardin thématique. Non, vous n’êtes pas dans le nouveau shire (comté) tout droit tiré du Seigneur des anneaux ni dans le pays idyllique d’un nouveau conte de fées 3.0, mais bel et bien dans un tout nouveau type de projet d’aménagement de… bureaux. Entièrement en bois et dans les bois. Ce projet, bien nommé Arboretum, remet au cœur de la réflexion ceux (salariés, dirigeants, indépendants, etc.), qui vont passer au moins huit heures par jour dans leur espace de travail. Ce projet arrive bien à propos dans un contexte post-crise sanitaire soudaine, majeure et mondiale. Il met à mal des modèles stéréotypés et datés. À l’heure où ces lignes sont écrites, la réflexion sur le retour au bureau est une des nombreuses thématiques d’actualité. Tous ceux dont les métiers et emplois le permettaient ont goûté aux joies du télétravail, et risquent de vouloir ne pas retourner travailler dans les locaux de leur entreprise[1]. Plus difficile, après cette crise sanitaire le taux de chômage augmente considérablement.[2] Autant dire que les promoteurs « vendeurs de mètres carrés de bureau au kilomètre » sur un mode « quantitatif » sont totalement dépassés. Si nous intégrons la dimension qualitative, la donne change. Exit les espaces cubiques, blancs, cliniques, avec du BA13 en guise de murs, la climatisation planquée dans des faux plafonds trop bas. Exit la déshumanisation et la non-qualité de l’espace de travail, qui influent clairement sur la productivité, l’humeur, le stress, etc. Aujourd’hui, nous l’avons tous ressenti au plus profond de nos cellules, la santé physique et mentale, la reconnexion à soi, la prise de temps pour réfléchir — ne serait-ce que cinq minutes — constituent des enjeux fondamentaux.

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Promoteur : WOODEUM-WO2
Maîtrise d’ouvrage : BNP Paribas Real Estate
Maîtrise d’œuvre : Nicolas Laisné Architectes, Dimitri Roussel (DREAM), Leclercq Associés et Hubert & Roy (pour la réhabilitation des bâtiments industriels)
Médecins et biologiste : docteur Nicolas Carreau, docteur Florence Avial, professeur Didier Lepelletier et docteur Pierre Parneix
Designer : Olivier Saguez
Surface : 126 000 m2 dont 110 000 m2 de bureaux, 1900 m2 d’équipements sportifs, 2400 m2 de centres de conférences et de salles de réunions

[1] Étude de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) : 88 % de 8 675 personnes ayant répondu souhaiteraient poursuivre le télétravail à l’issue de la crise, 97 % de télétravailleurs expérimentés et 80 % de personnes qui n’avaient pas expérimenté le télétravail avant la crise.

[2] Le 9 juin 2020, la Banque de France estimait), prévoyait, en plus d’une hausse du chômage de plus de 11 %, une chute de 10 % de l’économie cette année — une conséquence de l’arrêt brutal de l’activité provoqué par la pandémie due au coronavirus.

Texte Yves Mirande
Visuel à la une Vue sur une terrasse © Salem Mostefaoui

Retrouvez la rubrique Création sur Arboretum dans la daté septembre – octobre d’Archistorm