RÉALISATION

ARCHITECTURE STUDIO

En 2009, Mgr Santier, évêque de Créteil, décide d’agrandir la cathédrale du diocèse pour en faire un signe évident de la présence catholique en ville, « un lieu d’unité, de partage et de convergence ». Partant du plan d’origine, Architecture-Studio a imaginé une mise en volume au moyen de deux coques sphériques en bois. Il s’agit de la première cathédrale française reconstruite au xxie siècle.

« Une cathédrale, ça se construit, ça se modifie, ça se déploie ! C’est un commencement qui met en lumière ce qui se fait de manière cachée dans le diocèse. » C’est en ces termes que le père Marc Lulle, vicaire épiscopal, résume la vigueur de la religion chrétienne dans le Val-de-Marne et légitime la reconstruction de la cathédrale de Créteil, une commune multiculturelle et multiconfessionnelle qui, depuis 2008, dispose également d’une grande mosquée : la mosquée Sahaba. La foi catholique ne craindraitelle plus d’affirmer sa présence en ville ? « Depuis le début des années 1990 et l’édification de la cathédrale d’Évry, l’Église essaie d’être plus visible », reconnaît Marie-Pierre Etienney, chargée du projet pour la maîtrise d’ouvrage, l’association diocésaine de Créteil.

Avant l’intervention d’Architecture-Studio, Notre-Dame de Créteil était une église discrète, presque effacée. Inaugurée en 1978, devenue cathédrale du diocèse en 1987 et dédicacée en 2003, elle a commencé à être conçue à partir de 1971, soit trois ans après Mai 68 et six ans après le concile Vatican II (1962-1965) qui prônait une Église plus proche des hommes et, par conséquent, mieux insérée dans la ville. Particularité : sa nef ne présentait que 5,50 mètres sous plafond.

Vue de l’intérieur, vitrail conçu par Udo Zembo

Pour Marie-Pierre Etienney, « Notre-Dame de Créteil était une construction assez typique de l’ecclésiologie des années 1970. Elle était dans la mouvance des événements politiques et religieux précédents. Située en plein quartier résidentiel, et non pas près des centres du pouvoir politique, elle était comme enfouie dans la cité ». Ni assez visible dans le paysage urbain – constitué de tours et de barres de logements –, ni assez vaste pour accueillir les fidèles – sa capacité était de 600 personnes au maximum –, l’édifice chrétien ne répondait plus à sa fonction et à l’image que se font les religieux et les laïcs d’une cathédrale.

 

Hémicycle communautaire
Sans concours préalable, Architecture-Studio, qui compte déjà à son actif la construction de Notre-Damede- l’Arche-d’Alliance à Paris 15e, est invité à plancher sur le projet d’agrandissement. L’objectif ? Doubler la capacité d’accueil tout en respectant les dispositions principales du plan d’origine établi par l’architecte Charles-Gustave Stoskopf. Un plan en forme d’hémicycle qui forme un espace communautaire, très marqué par le IIe concile oecuménique du Vatican à l’issue duquel les fidèles sont invités à participer pleinement aux célébrations liturgiques : « Avant le concile, les prêtres et les laïcs étaient tous tournés vers le choeur, rappelle Marie-Pierre Etienney. À Créteil, tout le monde forme assemblée autour de l’autel. »

Contraint par les limites parcellaires et les dispositions de la liturgie d’origine, Architecture-Studio a imaginé l’extension de la cathédrale comme une mise en volume du plan de Charles-Gustave Stoskopf. La nef et les deux narthex ont été démolis ; les fondations ont été reprises. Mais c’est bien sur la base du plan en poisson de 1978 qu’a été reconstruite Notre-Dame de Créteil. À partir de deux portions de cercle de rayons distincts, les architectes ont élevé une nef formée de deux coques sphériques qui se croisent à l’aplomb de l’autel. Vu de l’extérieur, l’édifice revêtu d’un lattis de Douglas prégrisaillé fait référence aux mains jointes de Marie en prière. Il culmine à plus de 22 mètres et se détache nettement de son environnement urbain. Vues de l’intérieur, les coques forment un bel espace, homogène et enveloppant, simplement pourvu d’une mezzanine en gradins et strié de grands arcs en bois, comme s’il s’agissait de l’ossature intérieure d’un bateau.

Coques vues du versant ouest

« En sortant notre cathédrale actuelle de son enfouissement et en la déployant dans la Cité, nous voulons en faire le signe visible d’une Église vivante. »
Mgr Santier, évêque du diocèse de Créteil

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Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Association diocésaine
de Créteil
Maîtrise d’ouvrage déléguée : Chantiers
du Cardinal
Assistant maîtrise d’ouvrage : Tewako
Maître d’oeuvre : Architecture-Studio
BET structure et enveloppe : Atelier T/E/S/S
BET fluides : CHOULET
BET acoustique : AVA
Économiste : ECO CITÉS
Concepteur lumière : 8’18’’
Entreprises : Léon Grosse, Fargeot, Cabrol
Coût des travaux : 6 M€ HT (hors mobilier liturgique)

Texte : Tristan Cuisinier
Visuels : © Yves Mernier

Retrouvez la suite de l’article dans le n° 74 d’ArchiSTORM