PORTRAIT D’AGENCE

CELNIKIER & GRABLI ARCHITECTES

Fondée par Jacob Celnikier et Pascal Grabli, l’agence CGA défend depuis 2005 une idée généreuse et sensible de l’architecture, dans des domaines pourtant souvent réputés difficiles et contraignants. Basée sur un sens rigoureux de l’analyse et de la transparence, l’agence compte aujourd’hui une dizaine de collaborateurs et rencontre un fort succès, notamment dans les domaines des équipements scientifiques et hospitaliers. Alors qu’elle vient d’apprendre qu’elle était retenue pour concourir dans le cadre de la construction du pavillon français à l’exposition universelle de Dubai, retour sur l’histoire de l’agence, ses spécificités et sa philosophie.

Après dix ans passés chez Michel Rémon architecte pour Jacob Celnikier, et autant d’années passées au sein de sa propre agence fondée directement à sa sortie de l’École Spéciale d’Architecture pour Pascal Grabli, c’est avec l’envie commune de changer de modes d’exercice et de s’ouvrir à de nouvelles perspectives que les deux hommes décident en 2005 de fonder leur agence. Le premier cherchait souhaitait pouvoir assumer totalement les décisions liées aux projets et au fonctionnement d’une agence. Pascal Grabli quant à lui cherchait à développer le travail en collaboration et à combler ainsi les lacunes ressenties lors de son chemin en solitaire dix années durant. Cette association fut mûrement réfléchie. Il aura en effet fallu deux ans de discussions pour que les deux architectes décident finalement de monter leur agence. Partageant un tempérament calme, une grande rigueur dans le travail d’analyse des projets et une certaine sensibilité en termes d’espaces, de lumières, de ce qui fait l’espace urbain et de ce que devrait être la pratique de la discipline aujourd’hui, les deux architectes évoluaient pourtant dans des domaines fort différents. Si Pascal Grabli avait pour habitude de travailler essentiellement sur des projets privés de logements et de bâtiments tertiaires, Jacob Celnikier, lui, travaillait essentiellement sur des projets publics dans les domaines hospitaliers et d’équipements scientifiques. Un secteur réputé extrêmement contraignant, qui n’attirait pas grand monde autour de lui à l’époque mais qui l’a très vite intéressé, au point de devenir son domaine de prédilection. Les deux architectes n’ont jamais souhaité fonder une agence spécialisée. Bien au contraire.

Hors de question de se laisser enfermer dans un domaine particulier pour les deux hommes qui défendent une pratique de l’architecture sans limite de secteur. « Au fil des années, nous avons mis au point une méthode, un processus de travail qui nous permet de décortiquer n’importe quel type de projet, dans n’importe quel domaine, affirme à ce sujet Pascal Grabli. C’est la structure de la commande en France qui incite à la spécialisation… Mais comme tout architecte, nous avons été formés à analyser une problématique quelle qu’elle soit, à aller chercher les informations, à produire des analyses et à y répondre. C’est en cela que consiste notre métier, quel que soit le domaine ». Si l’agence est aujourd’hui largement reconnue dans les secteurs scientifiques et hospitaliers – notamment grâce à des projets comme le Centre d’excellence en biotechnologies blanches de Pomacles (51), le Centre de biologie intégrative de Strasbourg qui a reçu la Clé d’Or en 2015, ou le nouveau bâtiment de l’hôpital Sainte-Perine à Paris (conçu en partenariat avec Lazo & Mazure architectes) – son savoir-faire s’exprime aussi bien l’habitat collectif – avec la construction d’un étonnant internat de 240 chambres pour le lycée de Cerny (91) -,  ou du sport – avec notamment l’aménagement du stade nautique de Mantes-la-jolie (78). Une diversité de projets qui représente aujourd’hui une grande force pour l’agence et qui prouve l’efficacité de la méthode de ses membres, quel que soit le domaine.

« Lorsque nous commençons un nouveau projet, explique Jacob Celnikier, nous n’avons aucune idée de la forme qu’il prendra, de quel matériau on emploiera, etc.. Toutes les évidences sont à chaque fois remises en question, pour laisser place à une longue phase d’analyse aux côtés d’un expert du domaine qui nous conseille pour mettre au jour plus efficacement les contradictions du programme, les incohérences de la demande, et ainsi essayer de tomber juste le plus rapidement possible. » Un processus qui leur permet en effet de saisir plus efficacement les enjeux et les problématiques posés par des sujets souvent extrêmement pointus, d’éviter les omissions et d’arriver plus vite à ce qui constitue le cœur de leur métier, à savoir fabriquer des lieux à vivre agréables, en particulier dans les domaines les plus contraignants techniquement. Car c’est là selon eux tout l’objet de leur mission : ne pas considérer qu’il y ait des sujets qui relèveraient de l’architecture d’une part, et d’autres qui relèveraient de la logistique. « Notre souhait le plus grand, affirment les deux hommes à l’unisson, c’est de mettre de l’architecture partout, de créer de la surprise là où on n’en attend pas, de parvenir à émouvoir ceux qui pratiquent les lieux que l’on conçoit, quel que soit le domaine. »

Texte : Adrien Pontet
Photos : Rafael Yaghobzadeh

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