IMMOBILIER

LE JARDIN DES ARTS À SAINT-PAUL-DE-VENCE
(ALPES-MARITIMES)

« Le Jardin des Arts », le nom du projet coulait de source.

Il fut initié et orchestré par Socri, groupe immobilier indépendant et toujours sous contrôle familial, implanté à Vence (Alpes-Maritimes), spécialisé dans les opérations haut de gamme et respectueuses des sites. Son dirigeant, Henri Chambon, depuis la création de la société en 1969, a développé deux axes, l’immobilier commercial et l’hôtellerie, et réalisé des opérations phares, parmi lesquelles le Grand Hôtel Thalasso & Spa de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).

Pour le Jardin des Arts, Henri Chambon s’est entouré de ses fidèles partenaires méditerranéens, l’architecte Philippe Caron et le fameux paysagiste Jean Mus, pour un projet inscrit avec justesse dans le paysage de Saint-Paul-de-Vence. Il fallait cela pour le village mythique du Midi, perché sur son éperon rocheux entre les Alpes et la Méditerranée, un village pétri de ses origines féodales, de son passé de place forte frontalière durant cinq siècles, chéri par les plus grands artistes du XXe siècle : Matisse et Marc Chagall évidemment, mais aussi Jacques Prévert, Yves Montand et Simone Signoret, pour ne citer qu’eux.

Avant de devenir des monstres sacrés, ces derniers avaient investi, spontanément, la beauté simple de Saint-Paul-de-Vence, comme beaucoup de notables avant eux. Au fil des siècles, ils ont tous fait de cette petite commune le fief d’un art de vivre épicurien, s’épanouissant entre architecture et nature. Ici, « vous êtes dans le jardin de la planète. Ici, la nuit, vous avez le musicien, le parfumeur, la lune… », voilà ce qu’annonce Jean Mus de sa voix grave et solennelle, dans une rythmique pourtant si poétique.

Mais où se situe la frontière entre architecture et nature ? Quand et où y commence le façonnage de l’homme ? Saint-Paul-de-Vence ne peut s’arrêter de vivre. Pourtant, il est devenu la « simplicité » comptant parmi les plus chères au monde, stricto sensu, et pouvant craindre toutes les dérives : touristiques, muséales, pécuniaires… Comment continuer cette vie sans dénaturer ce que le temps a raviné ? Défi immense.

Pour ne rien faciliter, le site était celui de l’ancienne maison de l’écrivain américain James Baldwin. Entre figer les lieux et leur donner une seconde vie, la balance a définitivement penché pour la dernière hypothèse, le projet audacieux étant aujourd’hui livré, depuis peu. Pour le promoteur, la conquête des lieux n’a pas été aisée, et il ne s’en cache pas : « Le projet était très ambitieux. Le contexte était fragile. Le chantier a été compliqué. Nous avons fait le maximum. Puis la crise sanitaire a freiné la commercialisation », confie-t-il. En effet, la clientèle étrangère apte à investir ici a été assignée de longs mois à demeure, covid oblige.

Tout doucement, après ces très longs mois d’un hiver épidémique, au rythme du printemps 2021 plein de promesses, l’ouvrage a vocation à prendre forme, dans son plus bel usage. « Mon souhait le plus grand », exprime Jean Mus, « est que l’on dise : “Ici, ils n’ont pas fait grand-chose”, que la nature soit entretenue à sa juste valeur, car dans le Jardin des Arts, les citronniers éveilleront les sens tout au long de la journée, le parfum du jasmin officinal remontera, lui, à la tombée de la nuit, l’oliveraie, les plantes à parfum, la lavande, le romarin, le thym, la ciboulette… tous sous la gouverne du cyprès, soldat permanent en faction depuis près de 140 ans, pour certains sujets lien entre ciel et terre. ». Avec génie, dans le respect du jardin méditerranéen préexistant, haut, s’ouvrant au paysage, inspiré de la Renaissance, Jean Mus fusionne le jardin de campagne, le jardin d’agrément et le jardin botanique.

Alors, pour honorer ce paradis sur terre, Philippe Caron, l’architecte, a dû infiltrer les terrasses paysagères de voiles béton discrets, recouvrir les toits-terrasses de végétation, enterrer les parkings, minimiser la minéralisation, asseoir discrètement son architecture contemporaine dans les strates — murs de pierre, planches, restanques, murettes… — restaurées pour garder l’esprit de la propriété, pour limiter le ravinement. Rompu à l’exercice de la villa du Midi, il a opté ici pour une restauration ponctuelle du patrimoine bâti et une insertion contemporaine « en terrasse », justement, à la gloire du paysage. « S’il m’est arrivé, au long de ma carrière, de prendre le parti de la référence historique et/ou régionale, je ne m’enferme pas dans un style, car il n’y a pas de mauvais genre. Ce n’est pas le style qui fait une bonne architecture. Je construis pour les gens, et mon métier n’est pas celui de multiplier les images, mais bel et bien de faire de l’architecture », souligne-t-il.

En sus de cette base ancrée et respectueuse, de la vue imprenable sur le grand paysage de la Provence orientale, avec au loin la mer qui scintille, aux appartements luxueux et fonctionnels du Jardin des Arts tous les équipements ont été intégrés : des terrasses si généreuses qu’elles permettent la vie dehors, une belle piscine à débordement, mutualisée, autorisant la nage, la vraie, un espace bien-être avec spa et fitness ; enfin, un aménagement intérieur adapté par Collection Privée. Le tout pour s’immerger, vivre merveilleusement dans ce Jardin des Arts ponctué d’une sculpture, L’Envol, réalisée par Jean-Marie Fondacaro, sur les traces du-de(s) grand(s) créateur(s).

Texte Anne-Charlotte Depondt
Photos Milène Servelle

retrouvez l’article sur le Jardin des Arts à Saint-Paul-de-Vence, dans archistorm daté mars – avril 2021