Nos années de solitude 

Biennale d’Architecture d’Orléans #2

 

« La vie est un hymne à la solitude. La solitude est une attente, une protection du monde. »

 

Pour sa deuxième édition, intitulée Nos années de solitude, la Biennale de l’Architecture d’Orléans prendrait-elle pour seul compagnon Walden d’Henri David Thoreau ? Pas vraiment, car l’événement balaie toujours une cartographie immense d’architectes, d’artistes, de lieux, de commissaires, d’idées et de visions.

Barbara Günschel, Tonnengewölbe – 1955, Biennale d’Architecture d’Orléans

 

Après la réussite remarquable de sa première manifestation en 2017 (40.000 visiteurs en cinq mois et demi), la Biennale d’Architecture d’Orléans repart de plus bel sur un format encore plus dense, que souligne le raccourcissement de la durée de l’événement, maintenant passé à trois mois. Toujours gratuite, la Biennale d’Architecture d’Orléans se déploie de nouveau de façon tentaculaire dans la ville. Pour le grand plaisir des visiteurs qui — à la manière des Rencontres de la Photographie à Arles ou le Festival d’Avignon pour ne citer qu’eux — déambulent au gré des expositions dans une ville redoublant d’ingéniosité pour ouvrir ses portes à la culture. Cette inscription multiple dans le territoire se traduit en chiffres par quatorze lieux d’exposition, trente structures associées et plus de trente projets menés en co-construction avec différents partenaires.

Cette année Abdelkader Damani, directeur du Frac Centre-Val de Loire, et l’architecte Luca Galofaro ont décidé de rassembler six commissaires autour d’une variation sur un grand thème, celui de la solitude. Toute une constellation de lieux et de créateurs orchestreront ensemble les récits des solitudes à travers le monde.

 

Atelier Manferdini, Elena Manferdini, Seconde Nature – 2018, Biennale d’Architecture d’Orléans

 

Solitude mexicaine

Outre les expositions réparties dans de nombreux lieux tels que le Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, la rue Jeanne-d’Arc, ou intramuros dans le Frac Centre-Val de Loire / Les Turbulences, la Biennale accueille dans le Théâtre d’Orléans l’exposition collective De la solitude à la désolation, un portrait frontal de l’histoire très récente du Mexique. L’exposition prend pour point de départ le livre Le Labyrinthe de la solitude (paru en 1950) d’Octavio Paz et sa réflexion sur la nation et le peuple mexicain. On y retrouve notamment le travail de l’artiste Abraham Cruzvillegas, connu pour ses explorations en volume de l’artisanal, du recyclé et son intérêt marqué pour les objets délaissés. Son projet Autoconstrucción offre un aperçu significatif sur l’imbrication entre récit personnel et réalités socio-économique d’un pays à l’émergence complexe

Abraham Cruzvillegas, Autoconstruccion (vidéo) – 2014, Biennale d’Architecture d’Orléans


Une biennale de collection 

Comme l’an passé, la Biennale d’Architecture d’Orléans profite de l’événement pour mettre sous les projecteurs une collection particulière ; cette fois le Musée national des Arts du XXIème siècle (Rome). À l’honneur de cette présentation, une série de projets représentatifs de la culture architecturale du XXème siècle. Entre autres, les visions captivantes de l’architecte Luigi Pellegrin sont aussi hallucinées que futuristes. Ses dessins révèlent la singularité de cette collection, faisant ici le portrait d’utopies pensées par des architectes solitaires.

 

Marcel Gautherot, Building Brasilia – 1959, Biennale d’Architecture d’Orléans

 

Cette deuxième édition de la Biennale de l’Architecture d’Orléans est la promesse riche d’une rencontre avec des recherches et des œuvres sensibles ; une danse virtuose qui entrelace art et architecture autour de la notion de solitude. Un sujet fourmillant et finalement très fédérateur.

 

Texte : Camille Tallent

Photo de couverture : Scottie Cameron

Crédits photos : Biennale d’Architecture d’Orléans

La Biennale d’Architecture d’Orléans est encore accessible jusqu’au 19 janvier 2020.