Julien Sage

Adjoint au Maire de Nanterre
Urbanisme et Aménagement

 

Vue de l’exposition de Observer la Ville : dispositif artistique participatif, conçu par les artistes Massimiliano Marraffa et Denis Moreau, Nanterre 2007/2009 © D.R.

LA RÉDACTION : Que vous inspire le Grand Paris ?

JS : Tout dépend comment on l’entend. Si l’on parle du système institutionnel qui est mis en place, on peut l’envisager comme une nouvelle couche dans le millefeuille administratif français qui ne correspond pas forcément au besoin ni des opérateurs ni des collectivités locales, puisque cela rallonge les circuits de décision. Si l’on parle du projet urbain du Grand Paris, là on est dans la suite logique du développement de la métropole parisienne depuis deux ou trois siècles : élargir le périmètre de pensée et l’accompagner de grandes infrastructures urbaines et de grands équipements. Le métro, le stade de France, la Défense font partie de cette logique-là.

Ensuite, je pense qu’il y a une méprise dans l’appellation « Grand Paris ». La logique voudrait qu’on étende toujours plus loin la frontière de la ville capitale alors qu’en réalité, aujourd’hui, si l’on prend toutes les données économiques, c’est que la richesse est produite majoritairement en banlieue. La majeure partie de la population vit en banlieue. La majeure partie de la production culturelle est en banlieue. Finalement, ne serait-ce pas plutôt la grande banlieue qui devrait réinvestir Paris, plutôt que de chercher toujours à faire la même centralité permanente ? Cela sous-tend une autre question, puisque le nom de votre journal est Centralités du Grand Paris : est-ce que la centralité c’est tout le temps la même chose ou est-ce qu’aujourd’hui on n’est pas plutôt à l’aire du réseau, de la multi-centralité, de la multipolarité, ce que les maires appellent de leur vœux : comment concilier la grande échelle métropolitaine et la qualité de vie de quartier ?

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LR : Quelles sont les difficultés de sa réalisation, selon vous ?

JS : Le problème de la métropole du Grand Paris, c’est que c’est une pensée par le haut qui crée des aberrations : il y a une précipitation politique qui aboutit finalement à rajouter une étape. L’idée de faire une conférence intercommunale est certes indispensable, mais il faut d’abord simplifier les strates.

Plus concrètement, d’un point de vue urbain, il n’y a pas encore de convergence des projets. Certains projets s’arrêtent nets aux frontières communales.

Deuxièmement, l’organisation métropolitaine n’est pas efficace pour répondre au principal enjeu urbain : le foncier, qui coûte de plus en plus cher et freine le développement. Aucun outil législatif nouveau n’est mis en place, aucune compétence supplémentaire n’est apportée à la métropole.

Enfin, la métropole du Grand Paris est d’une taille tellement énorme qu’elle entre en contradiction avec les enjeux de la région Île-de-France. Quel est le rôle de la région si une entité politique et administrative fait la moitié de sa surface et presque 80% de son PIB ? Cela crée un déséquilibre des pouvoirs entre la métropole, la ville de Paris, la région, sans parler des départements.

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Propos recueillis par : La Rédaction
Image à la une : Julien Sage © photo : Ville hybride

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