PORTRAIT

ELIZABETH DE PORTZAMPRAC

 

À la croisée de deux cultures, brésilienne et française, formée à la théorie mais très tôt active sur le terrain de l’urbain, dotée d’un désir inné pour la création, qu’elle exercera à toutes les échelles de l’architecture, les pratiques qu’elle développe ont toujours visé le même objectif, par des moyens différents : tenter d’agir sur le monde.

(…) Elle commence (…) en étudiant l’économie et la sociologie, un parcours universitaire qu’elle poursuit en France lorsqu’elle s’y installe en 1972, se spécialisant en sociologie urbaine.

(…)  Complétant ses études à l’Institut d’étude du développement économique et social de l’Université Paris 1, Elizabeth de Portzamparc engage en parallèle ses premières recherches opérationnelles sur la planification de la ville : elle cosigne une étude sur les conséquences de l’urbanisme fonctionnel pour la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, anime l’Atelier municipal d’urbanisme participatif de la ville d’Antony et, parmi d’autres initiatives, impulse, soutenue par le Plan Construction, la création d’un atelier intercommunal d’urbanisme – une des premières instances supracommunales françaises –, pour développer la Coulée verte du Sud parisien, avant que le projet ne soit repris par l’IAURIF (Institut d’aménagement et d’urbanisme de la Région Île-de-France).  (…)

L’un des plateaux dévolus aux équipes d’Elizabeth de Portzamparc

 

Elle se recentre sur ses pratiques de créations personnelles, peignant, dessinant, et concevant aussi des meubles, notamment le bureau « 24 h », un jour remarqué par un ami puis exposé au Salon des artistes décorateurs. Débute ainsi pour l’universitaire de terrain une activité officielle de création : elle fonde un bureau d’études et de vente de meubles – Tracé intérieur –, qu’elle double rapidement d’une galerie – Mostra –, qui confronte les démarches d’artistes, de designers et d’architectes en exposant leurs oeuvres en réponse à un appel à création thématisé.

Le contexte économique des années 1990, peu favorable à ces expérimentations, participe à l’arrêt de l’activité ; la volonté de remettre la création au premier plan des activités joue aussi pour beaucoup. Progressivement, la conception et la maîtrise d’oeuvre deviennent prépondérantes. Après plusieurs années d’expérience du projet, de l’échelle urbaine à l’aménagement intérieur, Elizabeth de Portzamparc obtient en 2004 auprès d’une commission nationale du ministère de la Culture la reconnaissance de ces qualifications d’architecte et le droit au port du titre après inscription à l’ordre.

(…) Aujourd’hui, l’organisation de l’agence, à laquelle collaborent entre 25 et 30 architectes, dont deux scénographes, et un sociologue et une diplômée de Sciences Po, témoigne toujours de cette volonté de la fondatrice. Investie dans les phases de conception de l’ensemble des projets, elle les délègue seulement en phase PRO. (…)

Parmi les nombreuses maquettes, celle du musée de la Romanité à Nîmes

Depuis 2008 et la participation de l’agence au concours pour le centre culturel français de Florianópolis, premier bâtiment à énergie positive du Brésil, l’architecte a aussi créé une cellule de recherche sur le durable – entendu dans ses acceptions environnementale, économique et sociale – qui participe activement à la définition des concepts forgeant les qualités des projets. Les plus importants sont certainement la flexibilité et l’évolutivité, mis en oeuvre par exemple au musée de la Romanité à Nîmes – bientôt achevé, dans la future gare Grand Paris du Bourget – gagnée en 2014 – ou dans le Grand Équipement Documentaire (GED) réunissant les bibliothèques universitaires et spécialisées du campus Condorcet à Aubervilliers : les dispositifs pour couvrir les terrasses en toiture sont déjà pensés pour agrandir, si nécessaire, l’équipement, qui contient donc en lui son évolution future.

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Texte : Maxime Decommer

Visuels : © Sami Trabelsi & Ashley Bakker

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