PORTRAIT

JACQUES FERRIER ARCHITECTURES

 

 

Est-ce parce qu’il a fait des études scientifiques et qu’il poursuit des réflexions humanistes que la production de Jacques Ferrier concilie rigueur technique et sensibilité ? Quoi qu’il en soit, l’organisation de son agence en dit long sur la fabrique du projet et l’ambiance de travail.

 

S’il est le fer de lance de chaque projet, Jacques Ferrier ne travaille jamais seul. C’est même tout le contraire : loin d’imposer une pensée unique, il organise lui-même les conditions pour confronter ses premières intuitions. Elles se traduisent par des mots, des croquis, largement ouverts à la discussion. À charge pour Stéphane Vigoureux, directeur de l’agence, et Emmanuel Coudert, directeur de l’équipe conception, mais aussi aux autres directeurs de projets et architectes, ingénieurs, paysagistes et tous spécialistes compétents, de les faire évoluer. « Les décisions sont toujours le résultat d’un travail d’équipe. Elles sont discutées, débattues, mais l’état d’esprit n’est jamais au rapport de force, explique Stéphane Vigoureux. Cette qualité de dialogue se retrouve dans notre manière de construire les projets avec les maîtres d’ouvrage et les partenaires. Grâce à une lecture approfondie des programmes, nous avons des idées, des lignes directrices. Par des moyens didactiques et pédagogiques, nous essayons de les amener à partager ce qui nous paraît juste, mais nous restons à l’écoute pour comprendre leurs attentes et affiner notre réponse. » Enjeu sociétal de l’architecture Les projets naissent de ces séances de brainstorming. Des projets qui ne visent ni le spectaculaire (Jacques Ferrier se méfie de la forme : « Un architecte n’est pas un artiste ») ni le high-tech (la technique est « suffisamment performante pour s’effacer ») mais un « minimalisme constructif », une « économie esthétique », une « frugalité » dans l’emploi des matériaux, eux-mêmes choisis selon leur disponibilité… À l’ère des bâtiments à faible consommation, cet architecte centralien laisse donc la « routine » de la conception technique aux fabricants de systèmes et choisit de s’intéresser au contexte avec un leitmotiv : replacer l’homme et l’usage au coeur des projets.

 

 

 

« Nous nous intéressons moins aux programmes ou aux échelles qu’au potentiel architectural d’un projet, rappelle l’architecte du pavillon français à l’Expo de Shanghai. Notre logique est avant tout thématique : ce qui prime à nos yeux, c’est le sujet d’architecture. » Bien rodés, les concepts – Stratégie du disponible, Concept Office, Hypergreen, Ville sensuelle – sont identifiés comme tels par les maîtres d’ouvrage et permettent de « situer » cet « auteur » dans le paysage architectural international. Dès lors, l’agence est tout autant consultée pour son approche thématique architecturale que pour ses références. « Notre force, c’est de nous être dotés d’un bel outil de travail et d’avoir bâti notre réputation, projet après projet, sur la rigueur de nos procédures et sur des réalisations d’une extrême diversité. ». Le travail sur maquette, instrument incontournable du projet, est si important qu’il occupe une salle et trois personnes. Le premier mercredi de chaque mois, la « design review » d’Élisabeth Girot, responsable Communication & Développement, présente les projets en cours à toute l’agence réunie autour d’un verre. De même, deux fois par mois, François Marquet, directeur de projet et quinze ans d’ancienneté, organise des petits déjeuners chantier avec les chefs de projets pour partager les expériences. Enfin, Jacques Ferrier a créé avec Pauline Marchetti le Sensual City Studio qui développe une activité complémentaire et stimulante de recherches prospectives.

Texte : Delphine Désveaux
Visuels : © Sami Trabelsi

Retrouvez l’intégralité de l’artice dans le n°73 d’ArchiSTORM