PORTRAIT

ATELIER ZÜNDEL CRISTEA

 

 

Calmes, réfléchis, posés, Grégoire Zündel et Irina Cristea forment un couple d’architectes confiants… dans leur motivation comme dans la mission civilisatrice de leur métier, choisi comme un véritable engagement et, comme tel, fréquemment remis en question.

La mission civilisatrice de l’architecte
À quoi sert l’architecte ? Doit-il être garant de l’intérêt public ou prestataire de services ? Est-ce un métier en voie de disparition ? Convaincus de leur vocation, les deux associés répondent par une pirouette : que serait un monde sans architectes ? Pour Grégoire Zündel, « ce serait un orchestre sans chef d’orchestre ! L’architecte est garant d’une cohérence, c’est ce qui nous conforte dans l’idée que l’épanouissement de l’architecture est la marque d’une société civilisée. Nous pensons, reprend Irina Cristea, que l’architecte est un prestataire de services éclairé qui peut orienter l’attente spécifique du maître d’ouvrage vers un projet plus large en lui donnant une dimension éthique dans la société ou dans le paysage ».

Ligne RATP 14, Paris  © AZC, concours


Public et privé
Grégoire Zündel et Irina Cristea se sont rencontrés à l’ENSA de Strasbourg dans les années 1990. Après avoir travaillé l’un et l’autre respectivement chez Architecture- Studio et du Besset Lyon puis deux ans à Hong Kong, ils choisissent de s’installer en France plutôt qu’aux États-Unis ou en Chine : « La procédure des concours publics a motivé notre choix. Que l’État offre la possibilité et se porte garant de la qualité architecturale par un système qu’il a lui-même mis en place confirme le rôle de l’architecte. C’est rassurant et réjouissant, d’autant que ce système est en train de déborder sur le privé. » L’agence doit en effet sa création à trois concours gagnés coup sur coup en 2001 – un centre thérapeutique et deux salles de sport. Dix ans plus tard, entre 2012 et 2014, AZC triple ses effectifs, passant de 10 à 30 personnes, pour réaliser de front sept gros projets. Pour répondre à cette heureuse hausse d’activité, l’agence, bien décidée à s’adapter aux aléas de la commande, apprend à se structurer durablement.

En 2008, changement. Après sept années de projets publics purs et durs, AZC est retenue par BNP Paribas Real Estate pour réaliser un immeuble mixte – maison de retraite et logements en accession (prix Mipim 2012) – dans la ZAC Claude Bernard (Paris 19e). Depuis, l’agence travaille régulièrement pour des maîtres d’ouvrage privés « en général exigeants, précis, avec des délais plus tendus. Lorsque le cadre est bien maîtrisé, ce pragmatisme est une bonne école qui nous a appris à modifier notre façon de travailler pour être à la fois souples et organisés. Nous n’en avons tiré que des bénéfices ».

Ligne RATP 14, Paris
© AZC, concours

Flower Pavillon, Londres
© Sergio Grazia

 

 

 

 

 

 

 

 

Souple et structuré
Depuis, crise oblige, le nombre de collaborateurs a diminué, mais forte de cette expérience et prête à « batailler » pour tenir un projet sur la longueur, AZC a compris les conditions d’une organisation pérenne. S’ils sont systématiquement présents pour toutes les phases de tous les projets, Grégoire joue plutôt les développeurs à l’extérieur tandis qu’Irina se concentre sur la production en interne. Un directeur d’agence, une responsable administrative et communication et un architecte « technique » prolongent et amplifient le couple d’associés. Ces derniers, complémentaires et pragmatiques, dégagent une force tranquille qui semble infuser dans l’atmosphère de l’agence.

[…]

 

Texte : Delphine Désveaux
Visuels : © Sami Trabelski

Retrouvez la suite de ce portrait dans le n°74 d’ArchiSTORM