EXPÉRIENCE HÔTELIÈRE

Radisson Blu la-part-dieu – Lyon

Bien que détrônée depuis peu, la « Tour Crayon » supervise toujours le quartier de La-Part-Dieu. Investissant ses dix neuf derniers étages, l’hôtel la couronnant a mis à profit son changement d’enseigne et près de trois ans de travaux pour faire peau neuve. Deux jeunes architectes parisiennes en signent le réaménagement… céleste !

La « quatrième colline » de Lyon

Livrée en 1976, la tour du Crédit Lyonnais (l’un de ses investisseurs occupant originel) répondait aux aspirations de Louis Pradel – le maire d’alors – d’ériger un symbole permettant à ce nouveau quartier de devenir la « 4ème colline » de Lyon. Son concepteur newyorkais, Araldo Cossutta choisit d’inscrire son architecture dans la veine post-moderne. Ses 2 600 baies sont serties de 3 000 blocs préfabriqués en béton imprégnés de rhyolite – pierre volcanique rouge brun – pulvérisée avant d’être polis, hommage revendiqué à la mythique Tour Rose médiévale de la capitale des Gaules et aux anciens volcans voisins. Quant à son chapeau pyramidal signé par l’architecte associé Stéphane du Château et à l’origine de son surnom, il se veut un clin d’œil aux couronnements des tourelles Renaissance du quartier Saint-Jean. Ses 37 000 m2 répartis sur 41 étages de 44 m de diamètre se structuraient autour d’un noyau central concentrant pas moins de 19 ascenseurs tandis que 71 poteaux périphériques parachevaient leur ossature. Les 30 premiers niveaux étaient dédiés à des bureaux (dont ceux du Crédit Lyonnais) tandis que les neufs suivants hébergeaient l’hôtel Frantel, le plus haut d’Europe ! Un étage technique s’interposait entre les deux activités. La surprise résidait dans l’immense puits de lumière évidant le cœur de cet établissement hôtelier sur toute sa hauteur jusqu’à la verrière de la pyramide, les chambres en couronne périphérique étant desservies par des coursives dont les arcades tronquées pouvaient évoquer le Palazzo della Civilta Italianna de l’EUR romain. En fait, elles s’inspirent des cours des vielles demeures lyonnaises.

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De l’étiquette à l’éthique

L’enseigne originelle céda la place à Pullman à qui succéda Le Méridien avant que la chaîne hôtelière américaine Radisson Blu ne s’y substitue récemment. Hibernia France, le propriétaire des murs, profita de ce changement de locataire exploitant pour procéder au désamiantage des dix derniers étages – sans pour autant pouvoir toucher aux menuiseries extérieures. Ces travaux en site occupé nécessitèrent le confinement étanche de ce tronçon du reste de la tour, des horaires décalés pour ne pas déranger les employés des bureaux des trente étages inférieurs. Cette opération « d’assainissement » se révéla plus complexe et donc plus longue et plus coûteuse que prévu, mais à la seule charge du bailleur.

En 2012, l’opérateur hôtelier organisa un concours sur invitation pour sélectionner son maître d’œuvre. Ce fut la jeune agence parisienne d+b Interior Design qui l’emporta. Caroline Béné-Combes – architecte DPLG – et Sandra Demuth – architecte d’intérieur –  avaient déjà « œuvré » pour deux hôtels franciliens. Connue pour son appétence au design, le commanditaire souhaitait relooker les lieux sans en changer le nombre de clefs – à savoir 245 dont 56 business et 7 supérieures, à raison de 33 chambres par niveau complet. Toujours dans son jus originel de 1977, une sérieuse remise aux normes s’imposait : internet, wifi, écran plat, climatisation, sonorisation du pôle réunion, incendie… Ceci justifiait probablement que le cahier des charges de Radisson Blu ne soit pas trop contraignant du fait de la complexité de la rénovation d’un tel lieu avec un lobby situé au 32ème étage à plus de… 120 m du sol (…)

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Fiche Technique :

Programme : hôtel 4* (245 clefs), restaurant, bar, centre d’affaires
Surface : 8000 m2
Coût : 40 M €
Livraison : octobre 2016
Maîtres d’ouvrage : Hibernia France (bailleur), Rezidor Lyon (exploitant), SNC Lavalin (délégué)
Architecte : Caroline Béné-Combes & Sandra Demuth (d+b Interior Design)
MOE Technique : ABAC Ingénierie (mandataire), Egis Bâtiments Rhône Alpes, Soho Architecture & Urbanisme (PDC + autorisations), CSD-Faces
Entreprise générale : Eiffage Construction Rhône Loire
Agencement : SEENA, Ateliers des essences
Industriels : Arro-Brunner (salles de réunion), Desso (moquette), Hansgrohe (sanitaire et robinetterie), Climex, Dibond (bandeaux lumineux), Krebs, LEDs-C4, Loft, Moooi (assises et luminaires lobby, bar et restaurant), Muzeo, Novicom, Page Sélection, Perrouin (assises sur mesure), FF&E, Flyte (luminaires)

Texte : Lionel Blaise
Photos: d+b Interior Design

Retrouvez l’intégralité de l’expérience hôtelière du Radisson Blu la-part-dieu, au sein d’Archistorm #93