Le centre sportif géré par l’UCPA fait partie d’un vaste aménagement qui comprend la construction de quelque 1 164 nouveaux logements : l’écoquartier de la Pointe de Trivaux. Le quatrième îlot, dont fait partie la patinoire, remplace un centre sportif préexistant qui comprenait déjà une patinoire et un terrain de football, dans une configuration périurbaine.

« On part de la demande, on arrive à une solution technique et cette dernière définit à son tour une forme et une géométrie. J’aime penser que la juxtaposition de génératrices crée une surface, comme en mathématiques. C’est ce que nous avons fait à Meudon, où nous avons réussi à créer une enveloppe virtuelle à partir de ce raisonnement spatial et structurel. »
Marc Mimram, architecte ingénieur et fondateur, Marc Mimram Architecture Ingénierie

Le principe mis en oeuvre par les urbanistes consiste à superposer le terrain et la patinoire pour ajouter des équipements supplémentaires (accrobranche d’intérieur, mur d’escalade, fitness, squash), libérer de l’espace afin de créer une nouvelle place publique, sans oublier ce qui finance le tout : de nouveaux logements. Dans le cas de l’îlot 4, celui attribué à Nexity, cette superposition permet la création de 6 250 m² de résidence senior, 2 800 m² de résidence étudiante et 15 136 m² de logements en accession, dont 20 % en location.

Par ailleurs, 1 800 m² de commerces ont été construits autour de la nouvelle place Simone Veil, qui relie intuitivement le nouveau centre sportif au tramway. Cet ensemble dense et vivant est orchestré par le centre sportif dont l’identité urbaine forte contraste avec les terrains de sport des quartiers résidentiels périurbains de la seconde moitié du xxe siècle.

Ici la référence est plutôt le tissu urbain japonais, que l’urbanisme des villes de banlieue des Trente Glorieuses. Le mode de fonctionnement du centre sportif témoigne de cette volonté d’affirmer une nouvelle polarité urbaine. Il est géré par l’UCPA, une association à but non lucratif qui oeuvre depuis sa création en 1965 pour offrir une initiation sans discrimination au sport. L’UCPA est au sport ce que les centres socioculturels sont à la culture : un lieu de mixité et de diversité qui est censé encourager le vivre-ensemble. À ce titre, le centre est conçu comme un lieu de vie qui contraste radicalement avec l’austérité ou le repli de certains sites sportifs municipaux. Lorsque l’on pénètre dans l’espace d’accueil, conçu comme un lieu de vie ouvert sur la ville, on se croirait davantage dans le foyer d’un cinéma que dans le local d’accès d’une patinoire.

Au-delà de ces détails, le projet utilise la densité pour qualifier le nouveau quartier. Nous ne sommes plus en périphérie mais dans une nouvelle polarité déployée autour de la nouvelle place qui relie la patinoire au tramway. Le projet ne craint pas les effets de proximité entre des logements et un terrain de football. Ici aussi, la densité agit comme un démultiplicateur de l’attractivité du lieu. Au lieu de dé-densifier, ou pire, de mal densifier, les urbanistes semblent avoir enfin compris l’intérêt de scénariser la densification : exploiter les éléments d’une densification pour construire l’identité du lieu. Cette stratégie de scénarisation n’est pas une panacée. Les quartiers néohaussmanniens qui poussent à Clamart, à quelques centaines de mètres, s’appuient, eux aussi, sur une certaine mise en scène de la densité. Le quartier Grand Canal à Clamart pourrait ainsi constituer l’absolue antithèse de ce qui se fait à Meudon. Ce qui garantit le succès de l’opération, c’est le choix du décor. À Meudon, il est moderne et, grâce à Marc Mimram, plutôt subtil dans les articulations qu’il expose.

« Le projet adopte une trame paysagère cohérente dont les espaces verts et l’eau sont les composantes majeures, en contribuant ainsi à renforcer les trames vertes et bleues du quartier. »
François Leclercq, architecte urbaniste et fondateur de Leclercq & Associés

L´expressionnisme moderniste de Marc Mimram

Deux fois lauréat de l’Équerre d’Argent pour la passerelle Solférino et la serre du court Simonne-Mathieu au stade Roland Garros, Marc Mimram aime concevoir des artefacts qui expriment certaines fonctions tectoniques de ses bâtiments. Son expérience dans la réalisation d’ouvrages d’art y est probablement pour quelque chose.

Dans le cas de la patinoire, c’est l’enveloppe du centre et la clôture du terrain de football surélevé qui jouent ce rôle. Le périmètre du terrain et du bâtiment est délimité par un mur-rideau structurel composé de piliers métalliques en forme de diapason. Cette structure accompagne avec élégance la saillie de la partie supérieure du bâtiment. Sa légère inclinaison lui permet de varier l’aspect linéaire tout en assurant une certaine compacité à l’ensemble. Il s’agit d’une clôture transformée en élément d’identification du bâtiment et du quartier. À l’intérieur du bâtiment, la même subtilité tectonique est reconduite pour le toit de la patinoire. Sous le niveau de la rue, la patinoire est complètement ouverte sur l’un de ses côtés. Sa grande baie vitrée, qui longe les rails du tramway, permet à la ville de pénétrer dans l’espace intérieur. Le toit de la patinoire sur lequel repose le terrain est composé d’une structure métallique asymétrique d’une portée de 45 mètres qui s’affine et se complexifie du côté de la baie vitrée tout en garantissant une parfaite planéité au terrain de football. La forme de ces portiques métalliques en dit long sur l’attention portée à la facture et la finition du bâtiment. La technique fait bien plus que remplir sa fonction statique. Elle contribue à la qualification du bâtiment, tant de l’extérieur que de l’intérieur.

Fiche technique

Maître d’ouvrage : NEXITY / OGIC
Maîtrise d’oeuvre : Marc Mimram Architecte Ingénierie
Entreprises (liste non exhaustive) : Eiffage Construction Gard (gros oeuvre), Climater (CVC – plomberie), Monleau Isolation (cloisons – doublage – faux plafonds), Cegelec Perpignan (supervision)
Coût : 19,7 M€ HT
Surface : 8 337 m²

Texte : Christophe Catsaros
Photos : Erieta Attali

— retrouvez la réalisation sur le Complexe sportif de Meudon par Marc Mimram das Archistorm 117 daté novembre – décembre 2022