En plein cœur de Nantes, l’ancienne maison d’arrêt entame une seconde vie.

Porté par Cogedim via la direction régionale Cogedim Atlantique, le projet « Révélations » s’appuie sur un programme mixte, mêlant une offre de logements diverse et inclusive, mais également un parking, une crèche, une salle polyvalente, un restaurant et une guinguette.

Les architectes DTACC et Tandem+ ont transformé cet édifice malaimé en un ensemble bâti où s’expriment avec force la qualité architecturale et la part belle faite à la nature.

Autrefois enclave ceinturée de hauts murs, la prison est devenue un lieu ouvert et accessible à tous ses habitants, restituant une continuité urbaine perdue. A l’heure où la reconstruction de la ville sur elle-même est devenue un enjeu écologique majeur, « Révélations » témoigne également du dynamisme nantais en matière d’architecture et d’urbanisme.

« À Nantes, nous avons un cap politique clair : celui de proposer des logements innovants, confortables, accessibles à toutes et tous, en réinventant la ville sur elle-même. Révélations est un projet qui incarne cette ambition que nous portons en matière de logement, de mixité sociale, d’urbanisme et de transition environnementale. »
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

Nantes, un état d’esprit, un projet stratégique pour la ville

Au fil du temps, Nantes s’est affirmée comme un terreau propice en matière d’architecture se renouvelant sur ellemême au gré des emprises disponibles et d’un patrimoine à transformer. Parmi les projets emblématiques figure celui de l’ancienne prison qui bénéficie d’un emplacement privilégié en plein centre-ville. La maison d’arrêt constitue ainsi une emprise foncière de choix autant qu’un triste symbole à métamorphoser.

En 2015, Nantes avait racheté l’ancienne prison, afin de parachever la mutation du quartier dont elle constituait un sérieux obstacle. Elle avait fermé ses portes en 2012 et abritait environ 400 détenus. Reposant sur la mixité sociale et programmatique, l’opération Révélations est à l’image de la politique menée par la Ville. Pour Johanna Rolland, Maire de Nantes, Présidente de Nantes Métropole : « L’arrivée des habitants dans leurs appartements est le bel aboutissement du projet Révélations et c’est tout un symbole de notre manière de construire la ville, une ville solidaire et écologique.

Avec cette transformation de l’ancienne maison d’arrêt, le centre-ville continue sa métamorphose. Un centre-ville pour tous, avec dans ce projet 50 % de logements sociaux dont des logements inclusifs et des colocations seniors, une crèche de 40 berceaux, un jardin traversant ouvert au public en journée, une salle de spectacle et des espaces de loisirs qui pourront profiter à toutes les Nantaises et tous les Nantais. C’est tout un quartier qui prend forme, en faisant une très large place à la nature en ville. C’est un choix urbain ambitieux qui traduit concrètement notre volonté d’une ville plus nature, plus facile à vivre pour tous, en particulier pour les familles. » Pour Cogedim,

DTACC et Tandem+, Révélations illustre la capacité de mener un projet urbain complexe, de transformer un morceau de ville en un lieu qui suscite aujourd’hui l’adhésion. Révélations illustre cet état d’esprit nantais singulier en matière d’architecture et d’urbanisme : penser la ville autrement, faire bouger les lignes.

Un programme de logements mixtes

L’objectif de Révélations est de démontrer que la mixité n’est pas une prophétie autoréalisatrice, qu’il est possible de mêler les usages sans pour autant les isoler les uns des autres. Car, et c’est bien sa vertu première, la mixité est une manière de créer du lien, de favoriser les rencontres entre des publics qui ne se seraient pas forcément rencontrés. La programmation vise à créer les conditions spatiales et programmatiques du « vivre-ensemble » à travers une mixité de fonctions, d’usages et de populations. La transformation de la maison d’arrêt de Nantes fait la part belle au logement, s’appuyant sur une grande mixité de l’offre. 158 logements sociaux et en accession cohabitent sans distinction aucune. 50 % des logements ont été vendus en VEFA, à Nantes Métropole Habitat. Qui dit mixité, dit inclusivité. Révélations abrite également des colocations entre personnes âgées, gérées par l’association Habitat et Humanisme mais aussi une résidence sociale pour l’association UDAF 44 qui héberge des personnes en situation de handicap psychique, ici des personnes souffrant de schizophrénie. Dix appartements sont réservés à cet effet. Tous différents, les appartements bénéficient d’une double ou triple exposition, hormis certains studios. Mais la force de la proposition architecturale est de n’opérer aucun distinguo entre les différents logements. Du studio au 6 pièces, l’offre est suffisamment large pour répondre à tous les parcours de vie.

Faire entrer la nature en ville

Pour renverser l’image de la maison d’arrêt, il s’agissait de prendre le contrepied de ce qui préexistait. Le projet Révélations fait ainsi la part belle au végétal. Autrefois minéral à l’excès, le bâtiment est aujourd’hui noyé dans la végétation.

Planté d’arbres, le coeur d’îlot offre un nouvel espace vert à la ville. L’ensemble des logements ouvrent sur ce coeur d’îlot et disposent de prolongements extérieurs : des jardins au rezde- chaussée tandis que dans les étages, les appartements disposent de loggias, de terrasses ou de jardins d’hiver. Ces espaces, largement végétalisés, participent de l’intimisation des logements. La végétation a été plantée en amont du chantier, afin que celle-ci soit suffisamment fournie lors de la livraison.

Depuis, le temps a passé et la nature s’exprime pleinement, plongeant l’opération dans un manteau verdoyant inattendu dans un quartier historique dominé par la minéralité. En toiture, le jardin potager est géré par Bio-T-Full, association nantaise qui a pour ambition de replacer l’agriculture et la nature au coeur de nos vi(ll)es. Le long de la rue Harouys, un mail paysager faisant partie de l’espace public est créé, tissant un lien fédérateur avec le quartier.

Extrait d’interviews

Extraits d’entretien avec Jérôme Liberman, architecte associé, DTACC

Il n’est pas commun pour un architecte de travailler sur une maison d’arrêt. Comment se confronte-t-on à un tel programme ?

Nous avons deux grilles de lecture sur ce projet. Sur le plan architectural, notre approche n’est pas différente que pour un autre projet. Il s’agit pour nous d’analyser les points faibles pour s’en débarrasser, et d’amplifier les points forts. C’est au niveau du contexte urbain que cela fait une grande différence, et notamment par rapport à la perception que le voisinage a d’un site symboliquement lourd à dépasser. Tout l’enjeu était pour nous de pouvoir évoquer l’ancien usage du lieu en y apportant une nouvelle destination heureuse.

En quoi ce projet reflète-t-il la philosophie de votre agence ?

Les combats que nous menons à l’agence depuis plus de vingt-cinq ans visent la ville dense pour éviter l’étalement urbain, la mixité d’usages pour une qualité de vie en ville augmentée et le bon sens comme principe fondateur pour concevoir les projets. La complexité ne nous fait pas peur.

Nous sommes spécialistes de la réhabilitation de l’existant et nous appliquons depuis longtemps, bien avant que cela ne devienne à la mode, les principes qui se traduisent en langage actuel par « développement durable ». La ville est un être vivant qu’il faut savoir faire évoluer en analysant les points faibles pour les éliminer, et en amplifiant ses points forts. Ici, nous avons pu démontrer la justesse d’un projet à la fois dense et aéré, intégré à la ville et hors la ville, mixant programmes culturels, éducatifs, associations et propriétaires dans une cohésion architecturale et sociale. Ce projet résume l’ensemble de nos aspirations.

 

Extraits d’entretien avec Denis Motard, directeur général, Groupe Legendre

Que représente l’opération Révélations pour le Groupe Legendre ?

Au cœur de la grande histoire nantaise, cette construction est symbolique par le passé des lieux et ses contrastes. L’ancienne maison d’arrêt, construite en 1865 et ouverte en

1867, a fermé ses portes en 2012, après 145 ans d’activité. Un lieu fermé sur lui-même qui était devenu, à sa démolition, un site froid et austère.

Imposant, l’ancien mur d’enceinte a laissé place à des bâtiments positionnés autour d’un cœur d’îlot largement ouvert et végétalisé sur l’ensemble des rues attenantes. L’insertion est très réussie. Révélations est une très belle opération, emblématique pour notre partenaire Cogedim et pour le Groupe Legendre.

 

Ali Mimoun, directeur régional de Cogedim Atlantique

Quels étaient les enjeux et les contraintes de cette transformation ?

Une opération d’une telle envergure en plein centre-ville doit évidemment répondre à de nombreux enjeux. Le premier d’entre eux consiste à faire adhérer les riverains à cette transformation en cœur historique avec tout ce que cela implique : travaux, arrivée de nouveaux habitants, de nouveaux flux de véhicules, de nouvelles activités économiques, de nouveaux publics, etc. Pour ce faire, nous avons fait en sorte d’ouvrir les portes du projet en organisant différentes visites de l’ancienne maison d’arrêt avant sa démolition, en présentant le projet de reconversion dans un espace d’information sur le site, en faisant visiter le chantier aux élèves de l’école primaire voisine…

De manière plus anecdotique mais avec un retentissement considérable, nous nous sommes par ailleurs inscrits dans le parcours du « Voyage à Nantes » en permettant à des artistes d’investir le site et d’exposer leurs œuvres au grand public.

En termes architecturaux et programmatiques, l’ouverture du lieu au public représentait l’un des autres enjeux. Par sa conception, sa programmation et son mode de fonctionnement, nous avons fait d’un lieu auparavant fermé, renfermé, synonyme de privation de liberté, un lieu poreux, un lieu de rencontres, ouvert sur le quartier et sur la ville.

L’inscription de ce projet à l’opposé de son ancien usage s’est également traduite par une large place laissée à la végétation, là où le site était intégralement minéral. La nature se retrouve non seulement en cœur d’îlot, au niveau du verger en partie nord du projet, le long de la rue Harouys mais également sur l’ensemble des bâtiments via la mise en œuvre de rubans entiers de jardinières généreusement plantées. Autre enjeu et non des moindres, réussir la cohabitation de différents publics sur un même lieu, dense, en centre-ville : restaurants, résidence d’accueil de personnes en difficulté psychologique, crèche, logements sociaux, logements libres, colocations pour personnes âgées, parking public…

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Altarea Cogedim
Coordinateur MOE : CMB 44
Maîtrise d’œuvre mandataire : DTACC
Maîtrise d’œuvre associée : Tandem+
Entreprise (liste non exhaustive) : Legendre, Veritas, Enedis, AEP Nantes Métropole
Programme : ARCHITECTURE ET URBANISME / Logements en accession et logements sociaux / Théâtre / Parkings Publics / Parkings privés / crèche
Certifications : NF Habitat HQE
Coût : 22,5 M €
Surface : 13 200 m2 SDP
Livraison : 2021

Photos : Franck Gallen