« Le mobilier urbain participe à définir l’identité urbaine et contribue au sentiment d’appartenance à un territoire »

Nous sommes de plus en plus sollicités sur des questions d’inscriptions culturelles des territoires : comment l’aménagement d’un espace public peut-il être identitaire et contribuer au sentiment d’appartenance ?

Face à l’uniformisation des espaces urbains, la question de l’identité revient de façon récurrente dans chacun de nos projets.

Comment œuvrer pour que le mobilier, les espaces publics de Paris ne ressemblent pas à ceux de Lyon, Bruxelles ou Bordeaux ?

Comment créer des ambiances urbaines sur mesure et éviter les phénomènes de mode qui nivellent nos villes dans une « esthétique internationale » lisse et standardisée ?

Comment construire l’appartenance à un territoire et comment inventer l’esthétique de l’appartenance ?

Identité parisienne

Depuis de nombreuses années, nous participons à définir l’identité urbaine parisienne à travers la création et la réalisation de mobiliers et micro architectures : abribus, signalétique taxi, stations Trilib, trémies d’accès au métro.

Ces créations sont structurées par un socle commun de réflexions :

  • Des formes souples, issues de l’univers végétal, fil conducteur de nos projets à la fois en termes de référence esthétique et d’ergonomie,
  • L’usager au cœur du processus créatif afin d’améliorer le service, la relation à l’objet et son appropriation par les habitants,
  • Une écriture plastique contemporaine s’inscrivant dans un dialogue entre mémoire et modernité avec le contexte patrimonial parisien. 

Une filiation historique

Le passé recèle les couleurs de l’avenir qui nourrissent nos projets, avec le désir d’être actuel.

Nous travaillons à partir des fragments de l’histoire pour composer le présent afin d’ancrer notre travail dans le contexte urbain parisien.

Nouveaux accès du métro Parisien © Marwan Harmouche

Partir d’un point de vue sensible pour appréhender la ville…

L’observation de Paris, de ses rues, de ses architectures, nourrit notre vocabulaire, c’est un inventaire inscrit entre « imagination et mémoire » à partir duquel nous construisons l’identité formelle de nos projets.

Une approche maîtrisée de l’ornement

Paris est une ville de l’ornement, on le retrouve partout, dans l’architecture, le mobilier, les jardins, etc.

C’est un thème structurant dans nos créations, que nous abordons à travers la modulation des surfaces, la sophistication des matériaux.

C’est par cette approche de la forme et de la matière que nous inscrivons nos créations dans une filiation historique. Cette intervention nous la souhaitons minimale, plus évocatrice que démonstrative.

Soigner les détails

Le travail sur le détail des matières et des surfaces questionne l’échelle, celle de l’usager, de l’habitant. Il permet une relation enrichie à l’objet pour une meilleure appropriation du mobilier. Il évoque également le respect de l’habitant par la qualité de la forme et des surfaces proposées.

Le mobilier doit être une expérience sensorielle afin que l’on s’y sente bien.

Pour cela il faut le faire passer d’un statut technique actuel du mobilier à celui d’objet émotionnel.

Station Trilib’ Paris © Marwan Harmouche

Évolution du mobilier urbain

Sortir d’une production de mobilier à grande échelle afin de pouvoir expérimenter des nouveaux matériaux, des matières expressives, évocatrices de savoir-faire.

Il faut donc se poser la question de la petite série, voire du sur-mesure et du partenariat entre industrie et artisanat. Cela afin de concevoir des mobiliers urbains ayant la capacité d’éveiller nos sens.

Cette approche doit être compatible et cohérente avec les enjeux de durabilité, de résistance et d’entretien propres au mobilier urbain.

La compréhension du contexte et des enjeux urbains

La mobilité a caractérisé la ville depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui il nous faut réguler la vitesse des déplacements par la création de lieux de repos, de rencontre et de socialisation pour les habitants.

La question du mobilier ne pourra donc se faire qu’à travers une relation étroite et construite à l’espace public par la création de lieux dédiés. Il nous faut pour cela s’affranchir des implantations en alignement issues du XIXe siècle.

Proposer de nouveaux services

Nous devons inventer de nouveaux mobiliers mettant en visibilité la technologie liée au numérique et proposer des services cohérents avec les besoins actuels : espaces de coworking, espaces de détente connectés, logistique urbaine, etc.

Réduire la multiplicité des mobiliers en proposant des usages associés : assis éclairé, connecté abrité, etc.

Le mobilier urbain n’est pas qu’une question d’objet mis bout à bout pour répondre à des usages, il est l’interface entre nous et la ville, il facilite notre relation à notre environnement, à l’autre.

Visuel à la une Abribus Parisiens © JCDecaux

— retrouvez la tribune libre architecture Aurel Design Urbain par Caterina & Marc Aurel dans Archistorm 114 daté mai – juin 2022