DESIGN

L’ART DE NOTRE QUOTIDIEN

 

À Paris, pour fêter la fin du premier réaménagement de ses espaces architecturaux, l’Institut suédois rouvre ses portes avec Next Craft Level, exposition itinérante mêlant design, mode et artisanat, sous la baguette de la commissaire Aia Jüdes. Cette réouverture s’accompagne également d’une étonnante installation, le Solar Egg. Ou comment se faire, dans la capitale, une nouvelle idée du design suédois.

Arne Jacobsen le Danois, Alvar Aalto ou Eliel Saarinen, designers et architectes finlandais, les Suédois Carl Malmsten, Bruno Mathsson, tous ces créateurs notoires peuplent le panthéon des aficionados du design scandinave… Cependant, en 2017, à l’Institut suédois, une nouvelle vision design du royaume nous est livrée. Un design intergénérationnel, environnemental, sociétal, flirtant avec l’artisanat, la mode, les arts vivants, l’urbanisme, dans un esprit de transmission. Découverte.

Solar Egg, acier inoxydable plaqué or, 2017 © Jean-Baptiste Bérenger

L’Institut suédois à Paris, un réveil tout en design

L’Institut suédois à Paris est le fruit de l’amour pour la France de Gunnar W Lundberg, conseiller culturel et collectionneur suédois. Lorsque la Suède décida d’ouvrir l’institut – à l’époque, « centre culturel suédois » – en 1971, à Paris, Lundberg lui fit don de sa collection d’art, symbolique des liens entre les deux contrées. « Lundberg sut convaincre les autorités d’acheter l’hôtel de Marle, construit au xvie siècle et inscrit à l’inventaire des monuments historiques », précise Gunilla Norén, chargée de mission design au sein de l’institut. Ainsi, l’unique centre culturel en dehors de ses frontières ouvrit au cœur du Marais, mêlant les arts et les industries créatives faisant la notoriété du pays. Depuis, aucune restauration d’ampleur n’avait été envisagée. « Au-delà de la nécessité d’en engager en regard de la loi Handicap, nous tenions à donner une image renouvelée de notre design et de notre collection », ajoute Gunilla. Chose faite en 2017, marquant la fin de la première campagne de travaux – sur trois ans –  concernant tant la rénovation de la façade, d’espaces intérieurs et du « Design Bar », par le designer Matti Klenell, le studio TAF Arkitektkontor – primé « designer de l’année » –, la graphiste Stina Löfgren et la céramiste Carina Seth Andersson, que la conservation de la collection permanente confiée au Nationalmuseum de Stockholm.

Next Level Craft, l’esprit d’un design intergénérationnel et artisanal

Et pour fêter dignement cette renaissance, l’institut accueille le programme gouvernemental Swedish Design Moves, dont l’objectif est de promouvoir à l’international le design, la mode et l’architecture du territoire. Dans ce contexte, la plasticienne et curatrice Aia Jüdes a imaginé Next Level Craft, exposition temporaire valorisant la mixité des pratiques créatives. « Je l’ai conçue comme une expérience à vivre, renouvelant la perception des objets pour le spectateur, à travers une présentation accompagnée de vidéos, musique, dans une scénographie inspirée de la nature suédoise, explique-t-elle. Les pièces présentées sont souvent hand made et hybridées aux procédés high-tech. Cette caractéristique constitue le fil rouge de mon exposition. Pourquoi ? En Suède, nombre d’étudiants en arts et design excellent en matière de nouvelles technologies, mais se retrouvent perdus dès qu’ils sont confrontés aux savoirs manuels. Or, depuis cinq ans environ, du fait de notre société ultra connectée, on constate un retour de plus en plus fréquent aux pratiques artisanales chez les créateurs actuels. » Et parmi ceux présentés à Paris, la designer Julia Gamborg Nielsen expose des œuvres faites main, telles ses chaises Scale ou Pitch aux matières naturelles et recyclées, tirant son inspiration des formes classiques suédoises et d’une enfance passée entre l’Asie et l’Afrique. La série Marble Wool du duo Karin Frankenstein & Tomas Auran est révélatrice des expérimentations amenant à de nouvelles techniques. « Nous avons ennobli cette matière souple qu’est la laine grâce à divers processus de pression et cuisson, afin de lui conférer une apparence pétrifiée », expliquent-ils. Et si la créatrice Frida Fjellman associe verre et bois à travers des sculptures d’animaux « peuplant le folklore suédois », Aia Jüdes et sa série Näver Say Näver reconsidèrent, avec humour, l’écorce de bouleau, en jouant avec les codes sociaux, l’oubli des savoirs ancestraux, dans un esprit de consommation durable. Pour cela, la curatrice a collaboré avec deux artisans octogénaires, détenteurs d’un savoir-faire délaissé. Ainsi, le design suédois contemporain, aux frontières poreuses, permet la transmission d’expertises aux générations actuelles. (…)

Texte : Virginie Chuimer-Layen
Visuel à la une : Dessin au trait, Décoration du Design Bar, pour le nouvel Institut Suédois © Marias Kask

Institut suédois, 11 rue Payenne 75003 –
tel : +33 (0) 1 44 78 80 20 – institutsuedois@si.se  – www.swedishdesignmoves.com – Entrée libre.

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