RÉALISATION

Bruther Architecte

S’inscrivant au cœur de la fameuse Cité internationale universitaire de Paris et côtoyant plusieurs édifices iconiques, cette nouvelle résidence, qui affiche fièrement son architecture contemporaine de facture à la fois radicale et sophistiquée, a été réalisée avec minutie et talent par l’agence Bruther architecte.  

Inaugurée début 2019, la résidence Julie-Victoire Daubié, destinée à accueillir des étudiants et chercheurs internationaux, fait partie d’un vaste projet de développement de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP), Cité 2025. Un siècle après sa création, la CIUP verra à terme sa capacité d’accueil augmenter de 30 %. Située dans le XIVe arrondissement de Paris, ce prestigieux campus, doté d’un vaste parc de 34 hectares, détient un riche patrimoine architectural moderne, avec des bâtiments édifiés entre 1925 et 1969. Certaines maisons ont en effet été bâties par des architectes de renom, comme le pavillon suisse de Le Corbusier (1930) ou la maison de l’Iran (devenue la fondation Avicenne) de Claude Parent, André Bloc, Moshen Foroughi et Heydar Ghiai (1969), dernière maison érigée à cette époque. Depuis 2017, dix nouvelles maisons sont en train de voir le jour, s’ajoutant ainsi à la quarantaine de maisons existantes. Si 140 nationalités sont déjà présentes sur le campus pour accueillir chaque année 12 000 résidents, 26 pays sont représentés par les maisons en place. Parmi les projets réalisés et à venir, la maison Île-de-France a été inaugurée en 2017 (agence A/NM/A, Nicolas Michelin architecte) et la maison de la Corée en décembre 2018 (agences française Canale 3 et coréenne GA.A), tandis que la construction du second pavillon de la Tunisie est prévue pour 2020, celle des fondations de l’Égypte pour le printemps 2019, et celle de la Chine courant 2021.

Triple lames parallèles

C’est dans ce contexte attractif que la résidence Julie-Victoire Daubié a été réalisée par l’agence d’architecture Bruther pour le compte de la RIVP : son nom rend hommage à la première femme, – journaliste et militante des droits des femmes-, qui obtint le baccalauréat en France en 1861. L’édifice prend place sur une parcelle exiguë de 1 023 m² jouxtant le boulevard périphérique (1960). « Afin de se protéger des nuisances du boulevard périphérique, la résidence opte pour une stratégie de coupe efficace : le sol est creusé et le bâtiment soulevé. », expliquent les architectes Stéphanie Bru et Alexandre Theriot. Ils ajoutent qu’« il faut composer avec des édifices plutôt unitaires aux silhouettes simples et reconnaissables qui ont su traverser le temps. ». De plus, il s’agit de prendre en compte les spécificités de la Cité internationale en matière de valeurs de vivre-ensemble, de rencontres et d’échanges.  Modelé par de sérieuses contraintes liées au site et à des règles urbaines strictes, ce nouveau bâtiment, au volume compact et minimaliste, dessine « un cube fendu, aussi haut que large. » Sa morphologie lisible comporte trois lames parallèles, où les deux lames extérieures bâties (10,30 m de large, 29 m de long et 25 m de haut), regroupant 106 logements, se déploient de part et d’autres d’une faille centrale (7,30 m de large par 29 m de long) abritant les circulations et divers espaces communs.

 

 

Coursives de distribution

« Cette partition en bandes parallèles permet un jeu de transparences et des variations de profondeurs visuelles rompant avec l’aspect monolithique que pourrait induire un tel volume. », précisent les architectes. L’ouvrage de huit étages, situé en contrebas du terrain naturel, est accessible par un jeu subtil de rampes et de dénivelés. Telle une boîte vitrée, le hall d’accueil donne sur un espace extérieur taluté et végétalisé en rez-de-jardin le protégeant des nuisances sonores et polluantes du périphérique. Le niveau du dessus est, pour sa part, pourvu de pilotis à profilés d’acier contribuant à décoller le bâtiment du sol et à dégager des vues sur le paysage arboré. Côté organisation des fonctions, les étages sont desservis par deux cages d’ascenseurs enserrées dans un bloc en béton occupant le cœur du dispositif, et par un escalier à triple volée inscrit dans un triangle : un escalier en métal de secours hélicoïdal, extérieur et ouvert, se greffant sur l’une des coursives. Ces circulations verticales mènent aux étages et aux doubles coursives extérieures vitrées qui distribuent, de chaque côté du vide central, des batteries de logements variant du T1 eu T4. Chaque studio est équipé d’une kitchenette, de placards et de mobilier formant « une bande équipée économe en surface » fonctionnelle, une salle de bains et un coin lit complétant l’ensemble. Concernant le T2, la chambre se ferme à l’aide d’une cloison amovible qui, ouverte, transforme l’espace en une pièce unique. (…)

 

TexteCarol Maillard
Visuel à la uneMaxime Delvaux, Julien Hourcade, Marvin Leuvrey, Salem Mostefaoui

 

Découvrez l’intégralité de l’article sur la réalisation de la Bruther Architecte au sein du numéro 96 d’Archistorm, daté mai – juin 2019 !