PORTRAIT

LIPSKY + ROLLET ARCHITECTES

 

Comment fusionner activités d’architecture opérationnelles et de recherche au sein d’une agence ? C’est l’une des questions auxquelles réfléchissent aujourd’hui Florence Lipsky et Pascal Rollet. Chacune de ces pratiques professionnelles est loin de leur être méconnue. Mais, comme ils le soulignent : « Si ces activités se nourrissent l’une de l’autre, on a plutôt mené les choses parallèlement jusqu’à présent. […] Là, on travaille à fabriquer un lieu qui soit commun. »

 

Pascal Rollet et Florence Lipsky

 

Architectes praticiens et chercheurs
Recherche et développement sont constitutifs de la manière d’être architectes de Florence Lipsky et de Pascal Rollet. Cette approche commune, patiemment construite depuis leurs études à l’école d’architecture de Grenoble dans les années 1980, est devenue un des traits distinctifs de leur identité professionnelle. (…)
L’investissement de l’agence dans l’habitat, les lieux culturels et industriels, et ceux de formation et d’enseignement, est notoire. Par son engagement dans l’aménagement des territoires universitaires à partir de la notion de milieu de vie, ses idées prospectives sont reconnues. (…)

Pourquoi et comment muter ?
Pour le duo d’architectes, il s’agit d’une adaptation inéluctable aux transformations connues par la profession : « L’architecte doit se saisir des questions de la durabilité pour inventer un nouveau métier, pluridisciplinaire, en lien avec les sciences et les arts. » (…) L’objectif est que la profession réaffirme sa place face aux enjeux globaux touchant les sociétés et leurs environnements.

Pour y parvenir, Lipsky et Rollet n’ont pas de solutions toutes faites, mais identifient des leviers. Parmi eux, l’investissement dans la recherche – sa pratique, sa diffusion et sa valorisation – demeure indispensable. Elle est le moyen de la production de connaissances mais aussi de la fabrication de nouvelles conditions d’exercice. (…)

Pour sortir des conditions actuelles de la production qui, parfois, formatent les réponses, l’expérimentation apparaît comme un autre moyen. La démarche n’est pas nouvelle puisque les architectes la façonnent comme un outil de conception architecturale depuis les débuts de leur pratique. Ils soutiennent aussi le processus en tant qu’outil de formation : livré en 2002, le pôle d’enseignement, de recherche et d’expérimentation de la construction des Grands Ateliers de l’Isle-d’Abeau reposait sur ce projet pédagogique. Ils contribuent aujourd’hui à le faire évoluer en un centre de formation et de recherche dédié à la question de l’habitat, de la ville et de la construction durables. L’engagement de Pascal Rollet dans l’encadrement d’étudiants en lice dans le programme international Solar Decathlon en est une illustration supplémentaire.

L’expérimentation menée au sein même de l’agence est-elle possible ? Poser cette question revient pour les architectes à interroger les capacités de l’architecture à être un outil pour l’activité qu’elle abrite, c’est-à-dire à se confronter à la notion de bâtiment-outil qu’ils ont eux-mêmes forgée pour théoriser leur architecture. Cette réflexion les anime depuis qu’ils ont déménagé leur agence du Marais aux Buttes-Chaumont en 2009. (…) Dix projets ont déjà été imaginés pour réaménager définitivement ces quelque 250 m2, pour l’instant affectés en grande partie aux services. (…) Rien n’est encore tranché. Il ne s’agit pas d’une position attentiste. Simplement de l’expression de l’intelligence des deux architectes pour s’outiller au mieux et anticiper les changements de la profession, à défaut uniquement de les subir.

Texte : Maxime Decommer
Visuels : © Sami Trabelsi

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