RÉALISATION

WILD RABBITS ARCHITECTURE (WRA)

 

Terrain d’exercice apprécié des architectes des Trente Glorieuses, Aubervilliers accueille plusieurs grands ensembles marquants, comme ceux d’AUA (Cité République) et de Renée Gailhoustet (La Maladrerie). Dans une dent creuse des « Toits bleus », Wild Rabbits Architecture a savamment composé un immeuble de dix-huit logements sociaux qui ne laisse rien deviner de sa structure en CLT et de ses remplissages en MOB…

La jeunesse a le bénéfice de l’insouciance ! En 2005, pas encore trentenaire, Vladimir Doray réalise sa maison en autoconstruction – son premier projet personnel –, rue de la Chapelle, à Paris 18e. « Tous les copains ont mis la main à la pâte », se remémore son associé, Fabrice Lagarde. Trois ans plus tard, en 2008, le même architecte est lauréat des NAJA, associant l’acronyme WRA à son patronyme, alors que l’agence Wild Rabbits Architecture n’a pas encore d’existence juridique. « Vladimir présentait une étude sur les logements en nappe, explique, toujours amusé, le plus sage des deux compères. Il lui fallait un nom qui tienne compte de notre future association et de notre position militante sur l’habitat collectif. Avec humour et impertinence, il voulait souligner que nous n’étions pas devenus architectes pour faire des cages à lapins ! Il fallait ouvrir les clapiers. Laisser les lapins libres et sauvages ! »

Lorsque, en 2011, l’office public de l’habitat d’Aubervilliers organise un concours pour la réalisation de logements locatifs sociaux PLS dans la rue Charles-Tillon, la construction d’immeubles collectifs à structure bois n’en est qu’à ses balbutiements. Rares sont les bâtiments qui dépassent les trois niveaux sur rez-de-chaussée. « À l’époque, il y avait un immeuble de huit étages à Londres, un R+7 en Suède et un R+6 à Berlin. En France, un seul bâtiment de logements, à Saint-Dié-des-Vosges, montait à R+5 », recense méthodiquement Aurélien Brousse, ancien ingénieur d’ICM, aujourd’hui à la tête de son propre bureau d’études (Artofact). Une situation presque rêvée pour une agence d’architecture naissante face à une concurrence expérimentée, mais sans doute effrayée par la nouveauté ! Sur les quatre équipes en lice, seule celle des jeunes aventuriers de WRA joue la règle du jeu imposée par le maître d’ouvrage qui vise un projet pilote en structure bois à R+6, malgré un surcoût prévisionnel de travaux de 15 % par rapport à une construction 100 % béton.

C’est sur le petit terrain résiduel – abandonné au stationnement de véhicules et à l’économie souterraine – de l’opération inachevée des « Toits bleus » que Wild Rabbits Architecture a conçu son immeuble de logements de 1 150 m2 SHAB, sans bois extérieur apparent, comme le préconisait le bailleur social, afin d’éviter les aspects disgracieux de son vieillissement. Vladimir Doray et Fabrice Lagarde ont repris la ligne de composition du bâtiment de 180 m de long – et de 106 appartements –, érigé au milieu des années 1980 par Katherine Fiumani et Gilles Jacquemot, en perpétuant le principe de plots posés sur un socle d’équipements. Ils se sont inspirés des jeux volumétriques de leurs prédécesseurs, écartant néanmoins leur répertoire géométrique triangulaire pour travailler sur une sobre imbrication de boîtes rectangulaire de tailles variables. Un projet qualifié de « Pop-up building » par Vladimir Doray, passé maître dans l’art du naming, en référence à ces livres en trois dimensions dont l’ouverture émerveille les enfants. (…)

Duplex au 4ème étage

 

 

Texte : Tristian Cuisinier
Visuel : © Sergio Grazia

Découvrez l’intégralité de l’article et l’interview d’Aurélien Brousse (Architecte) au sein d’ArchiSTORM #86