ENTRÉE EN MATIÈRE

LA MATIÈRE AU DÉFI DE L’INNOVATION

 

Le livre Les 101 mots du bois à l’usage de tous explore de nombreuses facettes de ce matériau unique, toujours utilisé, naturel ou peint, partout dans le monde pour l’art, l’artisanat, l’architecture… Il demeure au cœur des préoccupations environnementales actuelles. Voici quelques extraits du livre.

Texte : Carol Maillard

Maison Bavinger à Norman, Oklahoma, États-Unis, 1950, Bruce Goff Architecte. © Jones2jy

ARCHITECTURE VERNACULAIRE (et tradition)

Selon l’historien de l’art, géographe et enseignant aux universités de Genève et de Lausanne (Suisse) Pierre Frey, « la définition du terme « vernaculaire » proposée par Ivan Illich s’inscrit parfaitement dans ce contexte. Selon lui, est vernaculaire tout ce qui n’était pas destiné au marché dans la domus romaine, mais réservé à l’autoconsommation domestique. Il en découle pour moi l’idée que, dans le monde global du xxie siècle, sont vernaculaires toutes les démarches qui tendent à agencer de manière optimale les ressources et les matériaux disponibles en abondance, gratuitement ou à très bas prix, y compris la plus importante d’entre elles : la force de travail. Est vernaculaire, en somme, tout ce qui demeure périphérique ou extérieure aux flux mondiaux du capital et tout ce qui, de gré ou de force, se dérobe à son contrôle […]. L’enjeu ne se cantonne pas à une prise de position académique et aux débats qu’elle entraînerait ; il consiste à distinguer les pratiques qui placent la priorité le plus clairement et le plus radicalement sur le respect des critères humains (individuels et sociaux), environnementaux (ressources, mise en oeuvre et performance) et architecturaux. Une « nouvelle architecture vernaculaire » peut apprendre des pratiques traditionnelles par osmose, par analogie, par interprétation ou par interpolation, mais certainement pas par imitation. »

BARDAGE

L’Ehpad à Saint-Brieuc-France, bardage à lames de pin Douglas, 2014, NOMADE Architectes © Mathieu Ducros

Considéré comme un revêtement extérieur, le bardage est un système industrialisé qui se compose de lames ou de clins juxtaposés ou superposés. Ces derniers sont posés sur une ossature rapportée en bois ou en métal avec des fixations cachées en inox, ou bien sur une paroi maçonnée (pierre, béton, brique, etc.), en respectant les règles de l’art. Plusieurs fabricants proposent diverses gammes de produits. Les essences de bois les plus fréquemment utilisées sont le sapin du nord, le Douglas, le mélèze et le Red Cedar. Les différents types de profils sont fabriqués en bois massif à lames biseautées ou non, ou en bois reconstitué naturel (eucalyptus, par exemple), ou en panneau de bois contreplaqué à deux faces d’okoumé recouvertes de résine synthétique. Ces profils à emboîtements présentent plusieurs textures : brut de sciage, raboté, raboté brossé ou structuré. Quelque soit le type de bâtiment concerné, en neuf ou en rénovation, les lames sont posées horizontalement ou verticalement, au choix. En réhabilitation, le bardage permet de rajeunir les façades, en dissimulant les défauts. De plus, cette seconde peau protège les murs des intempéries, tout en leur offrant une sur-isolation par l’extérieur performante, assortie d’une régulation thermique appréciable. Sans oublier son apport esthétique non négligeable, sous-tendu par des systèmes de poses variés et aisés à mettre en oeuvre ainsi qu’un choix étendu de coloris (tons bois ou couleurs vives). Ce revêtement possède d’autres avantages, puisqu’il s’adapte à tous les styles d’architecture, – de facture traditionnelle ou contemporaine -, et à tous les contextes d’implantation, de types urbains ou ruraux. Il offre ainsi une grande liberté de conception aux architectes.

A lire : Les 101 mots du Bois