Isolation énergétique, écoconstruction, respect des nouvelles normes de réglementation thermique, les matériaux biosourcés et d’origine naturelle sont de plus en plus utilisés comme matière première dans les produits de construction et de décoration nous entourant au quotidien, à la maison ou au travail. Petit tour d’horizon de quelques entreprises particulièrement innovantes en la matière.

 

BCI
Paille de riz et matériaux biosourcés pour la rénovation intérieure

Entreprise spécialisée dans la rénovation de l’habitat, BCI travaille depuis 2012 à trouver les meilleurs matériaux pour répondre aux nouveaux challenges énergétiques en matière d’isolation des logements et des bureaux, en concordance avec l’évolution de la réglementation thermique, et notamment la RE2020 visant à diminuer l’impact carbone des bâtiments. Structure importante au sein de BCI, BCI Rénov a toujours priorisé les matériaux biosourcés, en associant par exemple la laine de bois (plutôt que la laine de verre, peu respirante) à ses rénovations en pisé ou en pierres. Parmi les autres isolants biosourcés utilisés, BCI Rénov a aussi été précurseur dans l’utilisation de la laine de coton (produite à partir de textiles recyclés et qui n’émet pas de composé organique volatile), de la ouate de cellulose (produite à partir de journaux recyclés), ainsi que d’un mélange de chanvre, de lin et de coton, parfait pour des maisons à ossature bois. Ceci dit, la pénurie touchant justement la filière bois, et donc la laine de bois, a conduit BCI Rénov à réfléchir à de nouvelles pistes. C’est dans ce cadre que la société propose avec la paille de riz un nouveau matériau biosourcé, fabriqué à partir de déchets agricoles.

Visuel à la une : Isolant chanvre Biofib © Philippe Barbosa


CAMAËLLE
Des peintures intérieures décoratives et écologiques

Noir de brun, Jasmin et Mythe

C’est pour valoriser sa passion pour la décoration intérieure que la société charentaise Camaëlle s’est spécialisée depuis 2015 dans les peintures biosourcées et produites en France pour soutenir une peinture intérieure décorative à la fois responsable et créative. Toutes les peintures Camaëlle sont écoconçues à partir d’eau et, pour 95 %, de résines végétales. Biodégradables, elles sont labellisées Zone Verte Excell, ce qui garantit leur caractère écologique et sans émission de polluant. Elles constituent donc une alternative saine et durable aux peintures conventionnelles issues de la pétrochimie, au bilan carbone élevé. Une politique que Camaëlle prolonge dans ses emballages en matériaux recyclés et ses expéditions, utilisant un calage à l’air et non pas solide. Les qualités techniques des peintures biosourcées Camaëlle leur permettent donc de s’adapter à tous les usages, pour murs, mobiliers (particulièrement valorisés par la marque) ou objets ! Camaëlle propose en ce sens une palette de 120 nuances mates ou velours, complétée chaque année par une collection spéciale de 10 coloris tendance.


CELC
Des textiles écologiques remarquables grâce au lin et au chanvre

Fibres tressées

En matière de produits biosourcés pour l’architecture et le design, la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC) reste une structure de référence des nouveaux usages permis par ces cultures vertueuses. Le lin est une fibre végétale et traçable produite pour 80 % en Europe de l’Ouest. Sa proximité géographique permet ainsi au CELC et aux 10 000 entreprises de 14 pays européens de sa filière d’excellence de bénéficier de plusieurs certifications notables, comme European Flax® ou Masters of Linen®. De nombreuses solutions produits en textiles écologiques ont été récemment mises au point. Pour les revêtements de sols et les murs écoconçus, on peut citer le linoléum de la collection Tarkett et, pour les murs et plafonds, la nouvelle génération de textiles Arkelin®. En mobilier indoor et outdoor, les tissus en pur lin de la maison Mark Alexander s’appliquent à toute une gamme d’assises aux couleurs sophistiquées. Le développement par Kaïros Environnement du Kairlin®, un matériau biosourcé conçu à partir de fibres de lin ou de chanvre, à la fois léger et rigide, induit une multitude d’emplois en aménagement intérieur. Autant de pistes que le CELC invite à suivre au fil des innovations de son Linen Dream Lab, un espace dédié au sourcing et à la recherche autour des fibres plurielles.


KEBONY
Des bois modifiés pour un usage plus durable

La Forestale : écolodge de luxe en
bois Kebony imaginé par Éric Merlin

La marque norvégienne Kebony s’est fait connaître grâce à sa technologie brevetée et respectueuse de l’environnement, qui modifie les bois résineux à l’aide d’alcool furfurylique – un liquide biologique provenant de déchets de cultures agricoles. Ainsi polymérisé, le bois Kebony se voit conférer des caractéristiques dignes des bois exotiques (stabilité, résistance, polyvalence) et convient, avec sa patine gris argent, aux usages intérieurs comme extérieurs.

Cette technique intéresse de nombreuses entreprises adeptes de matériaux biosourcés, notamment celles qui comme Shou Sugi Ban en Angleterre ou Les Brûleurs de Bois en France s’inspirent de la technique japonaise ancienne de carbonisation de bois et des qualités naturelles du bois flotté.

Les Brûleurs de Bois proposent deux modèles : l’Extrême-Kebony (Kebony Clear extrêmement brûlé) et le Modéré-Kebony (Kebony Clear modérément brûlé). Shou Sugi Ban dispose aussi de plusieurs modèles, dont le Minami No(Kebony Clear brûlé), récemment choisi comme bardage pour une extension réalisée par les architectes David Stanley et Romy Grabosch sur une maison privée londonienne.

Parmi les autres projets architecturaux de référence séduits par la dureté et la longévité sans entretien des bois Kebony – appuyés par leur garantie, unique sur le marché, de 30 ans ! –, on peut également citer la Forestale Furlo, un écolodge au design épuré, véritable village gastronomique situé au cœur de l’Italie.


XELLA
Ytong, du béton cellulaire pour faire face à la hausse des coûts énergétiques et de construction

Pose de béton cellulaire

Face à l’augmentation des prix des matériaux de construction et des coûts énergétiques, et dans le contexte réglementaire de neutralité carbone de la RE2020, le constructeur isérois Xella est à la pointe de l’innovation avec son béton cellulaire Ytong. 100 % minéral, composé à 80 % de matières premières d’approvisionnement local, le béton cellulaire Ytong associe durabilité et confort thermique à un bilan carbone répondant autant à des critères de production que de formulation. Sa production, par mise en pression des autoclaves, consomme très peu d’énergie et rejette peu de CO2 dans l’atmosphère. Sa formulation accorde une grande place au recyclage, puisque 25 % des chutes de production y sont revalorisées, ce qui limite l’extraction de ressources naturelles tel le sable. Porteurs, pleins et massifs, les blocs Ytong Compact 20 sont les plus performants de la série fabriquée par Xella. Parfaitement étanches à l’air, ils garantissent l’isolation des maçonneries sans matériaux supplémentaires. Dans ce prolongement, la mise en œuvre des murs en Ytong Compact par collage à joints minces aide aussi à une meilleure gestion des ponts thermiques et des déperditions d’énergie liées aux changements saisonniers de température.

texte : Laurent Catala

— retrouvez l’article Entrée en matière sur les biomatériaux et matériaux biosourcés dans Archistorm 117 daté novembre – décembre 2022