L’architecture comme domaine à explorer

Tel est l’esprit qui anime l’agence ABP Architectes depuis sa création. Loin des approches segmentées, l’agence a choisi dès le départ de croiser les regards, les disciplines et les pratiques. Urbanisme, architecture, design et ingénierie sont autant de champs, non pas juxtaposés, mais pensés simultanément, dans une logique de continuité et de dialogue. Cette approche transversale est le moteur de sa créativité.

Depuis Paris et La Rochelle, l’agence ABP conçoit des projets aux typologies variées, logements, bureaux, commerces, équipements publics ou culturels, toujours avec une même attention portée au contexte, à l’usage et au sens. L’idée de projet ne se réduit pas à une réponse formelle, elle naît d’un dialogue constant entre territoire, usages, matières, cultures ou encore histoire des lieux, considérés comme des points de départ de toute réflexion architecturale plutôt que comme des contraintes. Loin des dogmes ou des signatures figées, l’agence revendique une posture pragmatique et contextuelle. (…)

Une approche contextuelle et évolutive de l’urbanisme

Perspective de Beauregard Calypso

Au sein d’ABP, l’urbanisme est envisagé comme une pratique ancrée dans le réel et attentive à l’existant ainsi qu’à son devenir. Chaque projet débute par une phase d’observation fine des lieux, de leur histoire, de leurs usages et des dynamiques sociales qui les traversent. Cette lecture du « déjà-là » constitue un socle à partir duquel se développe une écriture urbaine souple, capable d’accueillir des évolutions, voire des imprévus. Le travail mené par l’agence dépasse ainsi la stricte notion de planification pour s’ouvrir au récit urbain.

Cette démarche repose sur quelques principes. Le premier est celui de la composition. Trames, alignements, séquences paysagères, parcours piétons : l’élaboration du projet doit permettre une appropriation immédiate et durable par ses habitants. Le deuxième est celui de la mise en cohérence entre architecture, espace public et paysage, à l’image d’un tout où les vides et les pleins dialoguent. Enfin, la concertation avec les acteurs locaux – élus, habitants, techniciens, usagers – constitue au cours de ces projets un levier de transformation aussi important que le dessin ou le programme. Chaque projet est ainsi capable d’être adapté aux contraintes locales.

Il résulte de l’application de ces principes des quartiers poreux, traversants, fondés sur une attention au sol, à la lumière, à la topographie, mais aussi aux mobilités douces, dans la volonté d’ancrer durablement l’architecture dans le territoire.

Beauregard Calypso, La Rochelle (17)

Le Calypso s’inscrit dans le développement du quartier de Beauregard, au nord du centre historique de La Rochelle. Ce territoire, longtemps agricole, marque le passage d’un paysage de cultures maraîchères à une urbanisation progressive. Sur une emprise de près de cinq hectares, le projet engage la transformation d’une parcelle vacante en un quartier d’habitation et de services structuré comme un lieu de vie traversant. Dans la démarche d’ABP, l’urbanisme est avant tout un dialogue avec l’existant. Ici, le projet prend appui sur le tissu alentour et sur les caractéristiques topographiques du site. Dès les premières étapes, une concertation a été mise en place avec les habitants afin de définir les usages et les ambitions du nouveau quartier.

L’opération se compose de cinq secteurs où les volumes fragmentés sont distribués en plots ouverts et reliés entre eux par des venelles et des cheminements doux végétalisés. Les partis pris morphologiques empruntent aux archétypes vernaculaires, mais les interprètent à travers un langage contemporain. Ce qui conduit au développement d’une diversité de typologies et donc à la mixité du quartier. Ce dernier s’organise autour d’une place publique centrale desservie par des sentiers piétonniers et ponctuée de jardins partagés. Chaque logement bénéficie d’espaces extérieurs, les circulations se font en transparence, sans clôtures, et les stationnements sont relégués en sous-sol pour laisser la place au piéton et à la végétation.

Maîtres d’ouvrage : VINCI IMMOBILIER + SOFIMAT + I3F
Maîtres d’œuvre : ABP ARCHITECTES / MICASASUCASA
Mission : BASE + EXE
B.E.T. : A2I-INFRA, TH2I, DIESE, CARBONE 17, VIA POSITIVE, SOTEC, ACOUSTEX, SOCOTEC, SAIC BTP, PBA PRODUCTION
Programme : Construction de 327 logements collectifs, commerces et activités
Surfaces : 27 200 m² (23 600 m² logements + 3 100 m² commerces et activités)
Calendrier : Livré en 2024
Labels / Récompenses : E2C1 / NF HABITAT / MINERGIE / BEE+ / Passivhaus / Pyramide d’Argent 2020 ; Prix de la Conduite responsable des opérations

L’architecture comme composante

Les projets architecturaux développés par ABP s’inscrivent dans une vision d’ensemble qui dépasse le simple geste bâti pour envisager chaque intervention comme une composante d’un écosystème urbain, social et sensible. L’architecture dialogue avec la ville, prolonge les logiques d’aménagement urbain et tisse des liens avec les usages et les temporalités du territoire. Cette approche contextuelle est indissociable d’une attention portée à l’intérieur, aux parcours, aux ambiances, aux détails. À travers une démarche pleinement pluridisciplinaire, l’agence engage un travail transversal qui croise architecture, aménagement intérieur et design, jusqu’au mobilier et à la signalétique.

La Pallice, La Maison du Port, La Rochelle (17)

La Maison du Port de La Rochelle s’inscrit dans l’espace urbain comme une interface entre la ville et l’horizon portuaire. Cette posture urbaine relève d’une étude précise de l’implantation, en cohérence avec les dynamiques d’aménagement développées à l’échelle du quartier et dans une continuité des réflexions engagées par l’agence ABP sur les territoires urbains. Le bâtiment marque la fin de l’avenue Delmas, et le seuil est organisé autour d’un nouveau parvis public. Ouvert à la ville, cet espace d’accueil guide naturellement les visiteurs vers le hall d’entrée tout en créant une respiration dans le tissu bâti.

La blancheur de la Maison du Port s’inscrit de surcroît dans la palette rochelaise. L’expression architecturale tire parti d’une enveloppe rythmée et striée de lanières en panneaux d’Eternit blanc qui assurent une protection solaire. Ces lanières verticales se prolongent au sol sur le parvis ; avec le temps, elles se végétalisent progressivement. Ce jeu de lignes accompagne le visiteur jusqu’à la limite du site, où un jardin en noue plantée de graminées a été installé, notamment afin d’instaurer une continuité paysagère en répondant à différentes contraintes techniques telles que la gestion des eaux pluviales.

La forme triangulaire de la parcelle a dicté la géométrie architecturale. Les volumes résultent de l’équilibre entre contraintes réglementaires, exigences fonctionnelles et choix esthétiques. L’édifice se déploie sur quatre niveaux. Chaque étage est conçu avec une attention particulière portée à la lumière naturelle, à l’organisation des plateaux et à la flexibilité des usages. Enfin, le soin apporté à la conception du mobilier, à l’organisation des espaces ou encore à la signalétique traduit la volonté de proposer une architecture à la fois rationnelle et accueillante.

Maître d’ouvrage : Port Atlantique de La Rochelle
Maître d’œuvre : Abp Architectes / Karine Millet
Mission : Base + Exe
B.E.T : KARINE MILLET, MARET & ASSOCIÉS, POUREAU, SER-BA, SOLENER, GANTHA
Programme : Construction du siège social « Maison du Port »  du Port Atlantique de La Rochelle
Surface : 2 800 m²
Calendrier : Livré en février 2015
Labels / récompenses : HQE Bâtiment à énergie positive (BEPOS)

Design et architecture intérieure : matérialité, usages et narration

Pour les équipes de ABP, le travail du design s’envisage dans la continuité de celui de l’architecture. Il ne s’agit ni d’un simple habillage ni d’un geste
autonome, mais d’une approche située,
attentive aux usages, aux parcours et aux ambiances. La recherche de cohérence entre forme, fonction et atmosphère conduit les architectes de l’agence à réfléchir, dès les premières phases de conception, aux textures et volumes, aux circulations, mais aussi à l’expérience sensorielle des usagers et la manière dont le lieu sera vécu.

Cette vision s’incarne aussi bien dans des projets de spa-hôtels ou des espaces de restauration, que dans des lieux culturels. La méthode reste la même, partir du site, composer avec ses contraintes, faire émerger une idée forte et la traduire dans un design soigné.

Le Chalet des Sens, Megève – Mont d’Arbois (74)

Sur les hauteurs du Mont d’Arbois, à flanc de montagne, ce chalet conçu pour accueillir une hôtellerie d’exception s’ouvre sur un panorama embrassant la vallée de Megève. Son implantation respectueuse du site donne lieu à un dialogue étroit avec le paysage alpin.

Derrière une volumétrie traditionnelle de l’architecture inspirée des grandes fermes d’alpage, dessinée par des toits en lauzes, des soubassements de granite, un bardage en vieux bois et des balcons découpés, se dissimule un intérieur sophistiqué. Salle de sport, spa, piscine intérieure, salle de cinéma ou encore salons thématiques, les espaces conjuguent confort contemporain et codes réinterprétés d’un habitat vernaculaire. Le choix des matériaux, bois anciens et pierre locale aux tonalités naturelles, garantit une continuité entre extérieur et intérieur. L’architecture convoque ainsi la culture alpine, tout en répondant aux attentes d’une hôtellerie privée 5 étoiles.

Maître d’ouvrage : INFINEST
Maître d’œuvre : ABP ARCHITECTES
Mission : Base + ExE
B.E.T : GIRALDON, SABIRON, AIMR
Programme : Construction d’un chalet / hôtellerie privée
Surface : 900 m²
Calendrier : Livré en décembre 2012

Auteure : Cléa Calderoni