PORTRAIT D’AGENCE

ATELIER PHILÉAS

Il représente l’agence parisienne par excellence, ses associés connaissent la géographie de l’Île-de-France comme leur poche. Alors, quoi de plus naturel pour l’Atelier Philéas que de s’implanter dans le 12e arrondissement, dans l’ancienne rue des artisans, non loin de l’École Boulle, dans le quartier devenu fief des « archis » de Paris ?

Ne nous y trompons pas. Ils sont arrivés au 89, rue de Reuilly il y a dix-sept ans déjà, portés par l’élan des cinq agences du collectif Plan 01 dont ils faisaient partie. Auparavant, ils débutèrent rue Monge, rue Daguerre, là aussi dans le vieux tissu urbain de la capitale, inspirante. Ils ont toujours été « rock’n’roll », ou plutôt un mélange des Sex Pistols et de Rigoletto. Au départ, une bande de copains en soif de liberté, sans doute stimulés par Anne-Charlotte, « hyper » dynamique ! Ce ne sont pas des histoires, c’est l’histoire !
D’ailleurs, Anne-Charlotte, ceinture noire de karaté, vient d’obtenir le 3e dan  !

Dominique Vitti, Anne-Charlotte et Julien Zanassi, ce fut le trio de départ. Ils s’étaient rencontrés à l’UP7, l’École d’architecture de Paris-Tolbiac.
Passés rapidement dans des agences, tous les trois se retrouvent autour d’une appétence pour le dessin, l’architecture expressive qu’ils peuvent tester lors des différents concours étudiants qu’ils présentent. Leur désir d’ouvrir leur propre agence se réalise grâce au concours gagné de la gare maritime de Barneville-Carteret (Manche), en 1993, qui donne l’impulsion nécessaire à la création de l’Atelier Philéas et jette les dés en matière de démarche.

 

En 2019, ainsi va la vie, Julien est parti sur d’autres chemins constructifs. Philéas continue, absorbant les transformations haut la main, sans perdre son sens de l’humain ni la curiosité. C’est l’une des qualités, nombreuses, comptant parmi les plus intéressantes de cette agence au sein de laquelle on a le sens de la mémoire et de la bienveillance. « Philéas est unprénom masculin français d’origine grecque, du grec Φιλέας, « aimer » », nous dit Wikipédia…

Anne-Charlotte et Dominique partagent les rôles au sein de l’agence : dialogue avec MOA, entreprises, développement, etc. L’architecture est incarnée, les croquis sur calques jonchent leurs tables de travail, les maquettes d’étude habillent le haut des étagères, les perspectives faites en interne s’exposent aux murs, les Post-its multicolores accompagnent le processus.

Le cœur des locaux de Philéas reflète bien leur esprit : la charpente de bois ancienne, les huisseries de fenêtre, le tout peint en blanc, les étais et tringles métalliques, marques du monde moderne, accompagnent les fluides laissés apparents. Pas de masquage superflu. Ici, l’attention est portée à l’intelligence collective, l’économie de la matière, la performance, la durabilité, au « vert » ! D’ailleurs, le logo vert sur la vitrine de l’agence « pousse » comme un arbre.
La production architecturale de l’Atelier Philéas reste en permanence connectée avec l’humain, car les émotions peuvent générer l’architecture ; innovation, sens, poésie fonctionnent en « inclusivité ». La démarche analytique englobe les valeurs territoriales, économiques et programmatiques, à l’origine de leur signature : « l’immersion ».
Le modèle de départ des associés était le Centre Pompidou. Plus éloignés des références postmodernistes, ils ont puisé leur inspiration dans le pop art, le cinéma. L’effet du reflet, le processus de diffraction, l’idée de la décomposition et de l’œuvre en mouvement nourrissent les projets. (…)

Texte Anne-Charlotte Depondt
Photos Michel Slomka

Retrouvez l’intégralité du portrait d’agence sur l’Atelier Philéas dans archistorm daté novembre-décembre 2020