RÉALISATION

CASERNE DES MINIMES, PARIS PAR RH+ ARCHITECTURE

La ville de Paris cherche depuis quelques années maintenant à recréer une vie de quartier dans des espaces dévitalisés. En témoignent l’étude « La ville autrement » organisée par l’APUR en 2017 ou « Réinventer Paris », qui change la donne et laisse libre cours à la créativité des candidats pour favoriser un renouvellement des usages et de l’architecture. Le projet de rh+ architecture pour la caserne des Minimes s’inscrit parfaitement dans ce cadre avec l’ouverture d’un site militaire à une vie de quartier dynamique.

Depuis la rue, quelques percées et autres transparences offriront des perspectives mesurées. Les vues sont ainsi pensées pour ménager l’effet de surprise et conserver la quiétude – cet autre patrimoine – qui caractérise ce lieu depuis des siècles.

Le contemporain redynamise l’existant

Alix Héaume et Adrien Robain appliquent avec brio une conception chère à Victor Hugo : « l’avenir est une porte, le passé en est la clé » (Les Contemplations, 1856). Leurs projets sont élaborés suivant une dynamique à la fois respectueuse du site d’implantation et de son histoire, consciente des usages et enjeux inhérents au quartier et à ses habitants, et totalement tournés vers des programmes et des usages d’avenir.

Dans le Marais, le projet de réhabilitation de la caserne des Minimes s’articule ainsi autour d’une volonté ferme d’ouvrir un site historiquement introverti – une caserne occupée par des militaires depuis plus de deux cents ans – afin de l’intégrer pleinement à une vie de quartier familiale et animée. L’îlot comme serti dans son enceinte sera ainsi largement évidé et rendu accessible aux habitants du quartier comme aux promeneurs. Le programme mixte est composé de logements, de commerces et d’équipements, émaillé de lieux fédérateurs de vie de quartier qui participeront à la création d’un lieu vivant de partage et d’échange.

« L’avenir est une porte, le passé en est la clé. » Victor Hugo, Les Contemplations, 1856

La cour jusqu’alors retirée et préservée des regards indiscrets doit, à terme, devenir une place urbaine. Un restaurant associatif, des ateliers d’artisanat, un centre médical social s’y déploieront.

Fonder une identité commune

Le sujet est autant patrimonial, architectural qu’urbain. Il faut pour mieux le comprendre, s’en remettre à l’histoire, celle d’une adresse, rue des Minimes. L’artère tire sa dénomination de religieux mendiants qui avaient autrefois, à cet endroit, leur couvent dominé par une superbe et imposante coupole dessinée par François Mansart. Peu après la Révolution française, l’église a été détruite et les bâtiments conventuels ont été transformés en caserne. Un projet de modernisation initié au début du XXe siècle et achevé trente ans plus tard a fini de remplacer les vieilles constructions religieuses par d’austères édifices entourant une place d’armes. L’ensemble occupe une parcelle entière du Marais, à quelques pas de la place des Vosges. La situation est trop belle pour ne pas imaginer ouvrir ce site introverti et le rendre à la vie mais aussi à la ville.

Le programme est alors simple ; il laisse, au-delà de quelques chiffres, bien des libertés aux architectes. Tant et si bien qu’au lieu des 45 logements souhaités, 70 seront créés par l’intermédiaire de dispositifs astucieux, autorisés par l’entremise de l’Architecte des Bâtiments de France, permettant notamment, sous de vastes combles, d’organiser de généreux appartements en duplex. L’ambition du projet est aussi de répondre à l’évolution du quartier ; des logements pour étudiants sont organisés dans de grands appartements. Une association les proposera en colocation.

En parallèle, des personnes âgées pourront également s’installer dans cet ensemble qui se verra parachevé par une crèche venant parfaire la plus belle diversité générationnelle. La cour jusqu’alors retirée et préservée des regards indiscrets doit, à terme, devenir une place urbaine. Un restaurant associatif, des ateliers d’artisanat, un centre médical social s’y déploieront. Depuis la rue, quelques percées et autres transparences offriront des perspectives mesurées. Les vues sont ainsi pensées pour ménager l’effet de surprise et conserver la quiétude – cet autre patrimoine – qui caractérise ce lieu depuis des siècles.

Le sujet est finalement déclinable à diverses échelles, celui du bâtiment, d’un quartier, de la société. Ces nouvelles dynamiques architecturales et urbaines impactent concrètement la vie des individus : elles créent de l’urbanité, une confiance des citoyens envers leurs lieux de vie, véhiculent du plaisir et fondent une identité commune dans laquelle chacun se reconnaît. Ces nouvelles pratiques permettent également de modérer une modernité parfois trop brusque et favorisent de fait une adaptation progressive des individus à leurs nouveaux milieux de vie.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage Elogie-Siemp
Maîtrise d’œuvre : architecte : rh+ architecture / paysagiste : OLM
BET TCE et HQE COTEC Ingénierie
Acousticien Altia acoustique
Entreprises désamiantage, déplombage, curage Redebat
Entreprise générale GTM Bâtiment – groupe VINCI Construction France
Coût 13.1 M€ HT
Surface 7 414 m2
Certification NF Habitat & HQE Rénovation
Livraison 2020

Texte Jean-Philippe Hugron
Photos Frédéric Delangle
Visuel à la uneL’îlot comme serti dans son enceinte est largement évidé et rendu accessible aux habitants du quartier comme aux promeneurs.

Retrouvez la réalisation sur la Caserne des Minimes par RH+ dans la daté septembre-octobre d’Archistorm