ART ET ARCHITECTURE

JEAN-MICHEL OTHONIEL  AU PETIT PALAIS DE PARIS
« LE THÉORÈME DE NARCISSE »
DU 28 SEPTEMBRE 2021 AU 2 JANVIER 2022

Du 28 septembre 2021 au 2 janvier 2022, l’artiste Jean-Michel Othoniel investit la totalité du Petit Palais et de son jardin. Pour sa plus grande exposition personnelle à Paris depuis sa rétrospective au Centre Pompidou en 2011, l’artiste déploie plus de 70 œuvres nouvelles. Un parcours immersif régi par les lois de l’enchantement.

Jean-Michel Othoniel est connu de toutes et tous à Paris grâce au Kiosque des Noctambules, installation insolite qui couronne la bouche de métro Palais-Royal – Musée du Louvre. Véritable plongée dans son univers, sa rétrospective « My Way » au Centre Pompidou en 2011 offrait à contempler le lexique plastique de l’artiste dans un panel de plus de 80 œuvres, datées de 1987 à 2011. Toujours en région parisienne, le bosquet du Théâtre d’eau avait été créé à Versailles par Le Nôtre, puis détruit en 1775, puis en 2015 totalement réinventé par le paysagiste Louis Benech et Jean-Michel Othoniel. L’œuvre protéiforme de celui-ci est un dialogue perpétuel avec l’architecture, l’urbanisme et le paysage. Sensible à l’effet miroitant de l’eau, comme l’est son œuvre luminescente, l’artiste a également créé Alfa, soit 114 fontaines en forme d’arabesques pour le bassin du Musée national du Qatar à Doha, lui-même pensé par Jean Nouvel.

Jean-Michel Othoniel, Agora, 2019 Inox. 300 x 430 x 370 cm. 118 1/8 x 169 1/4 x 145 5/8 inch. © 2021 Othoniel / ADAGP, Paris.

In situ

Comme un mirage, les œuvres sont entrelacées avec le bâtiment du Petit Palais, accrochées aux arbres et posées sur l’eau avec la délicatesse d’un nénuphar. Le voyage merveilleux commence dès l’entrée, où un parterre de briques de verre indien épouse la forme des escaliers. Cette Rivière bleue, dont titre et couleur explicitent l’aspect de cascade extraordinaire, contraste avec les ors de la grille monumentale qui marque l’entrée du musée. Cette installation invite dès lors, dans la symétrie parfaite de l’architecture de Charles Giraud, à un parcours très mythologique, celui du rite de passage ou d’initiation.
Le jardin lui aussi est le théâtre de fantasmagories disséminées çà et là. Outre la coursive arquée qui abrite des sculptures sur socle (Nœuds Miroirs), guirlandes et larges colliers sont suspendus, formant ensemble un décor d’Éden fantastique.

Jean-Michel Othoniel, Noeud Sauvage, 2019 Verre miroité, inox. 90 x 90 x 90 cm © 2021

Le reflet de Narcisse

Pour cette exposition, Jean-Michel Othoniel invente le théorème de Narcisse et cite Gaston Bachelard : « Le narcissisme n’est pas toujours névrosant, il joue aussi un rôle positif dans l’œuvre esthétique. La sublimation n’est pas toujours la négation d’un désir. Elle peut être une sublimation pour un idéal. »
La fleur de lotus, très stylisée dans les œuvres Gold Lotus, agit comme un premier indice de la fable que Jean-Michel Othoniel dessine. Narcisse, l’homme transformé en fleur par les dieux, ne serait-il pas incarné par les œuvres qui flottent sur les plans d’eau ? Dans un jeu de miroirs, l’eau reflète l’œuvre et inversement. La sublimation du monde ne résiderait-elle pas dans cet échange enchanteur ?
Ce poème visuel et transcendantal se retrouve également dans la théorie des reflets que l’artiste travaille depuis près de dix ans en collaboration avec le mathématicien mexicain Aubin Arroyo, et dont sont le résultat les œuvres Nœuds sauvages de la salle Girault.

Dans l’écrin du Petit Palais, Jean-Michel Othoniel nous invite dans sa cosmogonie, le temps d’une exposition : une nouvelle dimension s’offre à nous dans cette oasis éphémère et féérique. L’e-xposition ouverte à toutes et tous gratuitement promet d’être un événement qui laisse les traces d’un rêve.

Texte Camille Tallent
Photo à la une Jean-Michel Othoniel, Noeud miroir, 2021. Inox. 200 x 225 x 125 cm © 2021 Othoniel / ADAGP, Paris.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur Jean-Michel Othoniel au Petit Palais de Paris, « Le Théorème de Narcisse » dans Archistorm daté septembre – octobre 2021