Une fusion architecturale et culturelle

Dans une interprétation contemporaine audacieuse, la Fondation de Chine à la Cité Internationale Universitaire de Paris se démarque en tant que projet novateur qui traduit la convergence de deux cultures, française et chinoise. Lauréate du concours, l’agence Coldefy, en collaboration avec l’atelier FCJZ, a conçu un édifice unique qui allie habilement tradition et modernité, répondant aux besoins croissants de logements étudiants, tout en promouvant les échanges culturels et l’écologie dans un éco-campus exemplaire.

Le parti-pris architectural de la Fondation de Chine est une synthèse formelle et conceptuelle qui résulte de la fusion audacieuse entre deux typologies urbaines emblématiques : le « tulou »* chinois et l’îlot haussmannien parisien. Cette approche vise à traduire la convergence des cultures française et chinoise dans la forme même du bâtiment. Les caractéristiques du « tulou », résidence circulaire chinoise, et de l’îlot haussmannien parisien, dense et construit autour d’une cour intérieure, s’entrelacent harmonieusement.

Contrairement au « tulou » qui érige des murs épais pour contrer des ennemis, la Fondation de Chine dialogue avec son environnement. À la manière de l’immeuble haussmannien, elle s’enveloppe de façades vibrantes, créant ainsi des appartements traversants qui s’ouvrent à la fois sur l’intérieur de la résidence et sur l’extérieur. Cette approche révèle une interprétation contemporaine audacieuse des deux cultures, offrant une vision nouvelle et harmonieuse.

La Fondation de Chine répond à l’ambivalence d’un site complexe, niché au cœur du parc de la Cité Internationale Universitaire de Paris et en bordure du boulevard périphérique. Son intégration astucieuse tire parti des avantages du cadre unique tout en minimisant les nuisances sonores. Le bâtiment s’ouvre sur le parc et la Maison des Provinces de France par une grande faille, réaffirmant le principe d’invitation des personnes et de la nature à entrer.

Les façades, concaves au sud et convexes au nord, sont conçues pour s’adapter à leur situation et résoudre la complexité inhérente à la parcelle. Au nord, la façade aux formes convexes accueille un maximum de lumière, offrant une vue dégagée sur le parc et une deuxième fenêtre cachée derrière un claustra de briques ajourées. Au sud, la façade aux formes concaves laisse entrer la lumière naturelle tout en atténuant les bruits du boulevard périphérique.

La différenciation du traitement des façades s’exprime à travers un matériau unique, la brique, remise au goût du jour dans une nuance grise contemporaine. Entre les étages, des bandeaux pleins marquent la superposition des strates horizontales. À l’intérieur du patio central, des lamelles en bois protègent les coursives tout en autorisant une perméabilité visuelle au cœur du projet.

La Fondation de Chine offre à ses résidents 300 chambres modulables, éclairées naturellement par deux ouvertures en pleine hauteur. Chaque chambre est dotée d’un mobilier amovible, permettant aux étudiants de personnaliser leur espace de 15 m² en moyenne. Les espaces communs comprennent un auditorium ouvert au public, favorisant les échanges culturels, avec une capacité de 280 places assises s’élevant sur 4 niveaux.

Les escaliers piranésiens, de forme circulaire et allongée, sont la colonne vertébrale de la vie communautaire de la résidence. Ils se déploient au milieu des coursives des neuf niveaux, connectant les chambres aux terrasses suspendues et aux jardins. En toiture, la Fondation de Chine est couronnée par une promenade serpentant au cœur d’un jardin suspendu, offrant une vue imprenable sur Paris. Les terrasses suspendues et les différents jardins, dont un jardin circulaire et un jardin caché aménagé au-dessus du foyer, ajoutent des espaces de détente et de contemplation.


* Un tulou est une forme traditionnelle de résidence communautaire des populations hakka que l’on trouve dans la province du Fujian, dans le Sud de la Chine. Les tulou ont été construits entre le XVᵉ et le XXᵉ siècle par les Hakkas, dans des vallons plantés de théiers.

plan masse

Fiche technique :

Maîtrise d’ouvrage
Cité international universitaire de Paris / Beijing, Capital Land
Maîtrise d’œuvre française : Coldefy / Thomas Coldefy, Isabel Van Haute, Marc Franco, Zoltan Neville, Zhuo Wang, Marianna Guarino, Sophie Graux, Daniel Katz, Marceau Portal, Yizhou Hong, Ettore Musso, Beatrice Congiu, Marco Proietti, Vincent Vaulot
Maîtrise d’œuvre chinoise : Atelier FCJZ / Yung Ho Chang, Lijia Lu, Cheng Yishi, Simon Lee, Meng Yao
Entreprises : AEDIS (Bureau d’études Structure), S2T (MEP), Le Sommer (Bureau d’études Environnement), Base (Paysagiste), Vanguard (Économiste), Lamoureux (Acoustique), Peytavin (Scénographie), Behal (Cuisiniste), SICRA (Entreprise générale)
Surface : 8 200 m2

Texte : La rédaction
Photographe : Cyrille Weiner

— retrouvez la réalisation sur la Fondation de Chine à la Cité internationale universitaire dans Archistorm 124 daté janvier – février 2024