Le nouveau planétarium du Jardin des Sciences de l’Université de Strasbourg se dévoile au cœur de la ville, le long de l’avenue de la Victoire, créant un véritable signal architectural et culturel. Le bâtiment a été conçu par une équipe d’architectes talentueux, composée de frenak+jullien, Cardin Julien, et m+mathieu holdrinet. Son rôle est d’évoquer le ciel, de stimuler l’imagination cosmique, et d’être un outil puissant pour la diffusion de connaissances astronomiques.

Au milieu des instituts de Zoologie et de Géologie, le planétarium se compose de deux éléments distincts, chacun doté de sa propre personnalité architecturale. Un cône tronqué abrite la salle de projection, tandis qu’un volume cylindrique accueille le hall du Jardin des sciences et les services associés. Cette dualité crée un contraste visuel et symbolique intéressant : le cône tronqué pointe vers le ciel, exprimant la quête inlassable de l’humanité pour comprendre l’univers, tandis que le hall d’accueil, ouvert et lumineux, renvoie aux multiples activités du Jardin des sciences. L’architecture du bâtiment est inspirée par les bâtiments-machines du XIXe siècle présents sur le site, rappelant les observatoires et les instruments de mesure astronomique, tels que l’astrolabe. Pour les passants, le disque métallique du cône s’anime en réagissant aux couleurs changeantes du ciel. Pour les spectateurs assis à l’étage supérieur, le bâtiment ressemble à un instrument astronomique posé au milieu d’un jardin.

La dualité des éléments architecturaux se poursuit à l’intérieur du bâtiment. Le planétarium est un espace introverti, avec une galerie d’accès vide entourant la salle de projection centrale. En revanche, le hall d’accueil est vaste, ouvert et lumineux, favorisant la connexion avec les autres sites gérés par le Jardin des sciences. Cette disposition crée une interaction intéressante entre le hall d’accueil, avec ses espaces communs ouverts sur le jardin, et le planétarium, avec sa salle de projection intime où se joue le théâtre cosmique.

© Maxime Delvaux

La galerie en pente douce, située entre l’hémisphère du cône et sa face intérieure, offre une expérience spatiale unique, créant une transition progressive entre la luminosité du hall d’accueil et l’obscurité nécessaire à la projection du planétarium. La structure de la galerie est constituée de panneaux de bois CLT (cross-laminated timber) de grande hauteur, atteignant jusqu’à 17 m, et créant des facettes géantes qui préparent les visiteurs à leur voyage dans l’espace. Lorsque les visiteurs montent la rampe en pente douce, ils atteignent le sommet de la salle de projection, sous le dôme en suspension. L’inclinaison du dôme renforce le sentiment d’immersion, et un éclairage minimal crée un environnement bleu nuit, favorisant la projection de l’univers. Les six projecteurs numériques situés sur le pourtour de la salle sont accessibles par la galerie technique qui entoure la salle.

La construction du bâtiment a nécessité une coordination précise, en raison de l’emboîtement des volumes (le cône, le dôme, l’écran), et de la suspension délicate de l’écran de projection. L’extérieur du bâtiment présente une combinaison de bois brûlé et d’aluminium, renforçant l’aspect volcanique du bâtiment. L’effet visuel du bois brûlé est accentué par des lames de pin Douglas carbonisées, qui prennent des reflets argentés sous la lumière du soleil. À l’intérieur, des panneaux de bois clair ajoutent à l’atmosphère lumineuse du hall d’accueil. La compacité du bâtiment, ainsi que l’orientation des ouvertures du côté du hall, contribuent à limiter les pertes de chaleur, améliorant ainsi les performances environnementales de l’ensemble.

Le jardin environnant est conçu comme un espace public, qui offre une variété d’expériences végétales, allant de la fraîcheur du sous-bois au nord aux prairies ensoleillées au sud. Le jardin propose un dialogue harmonieux entre les arbres existants et de nouvelles plantations d’arbres de grande hauteur, ainsi que des massifs floraux. Huit jardins circulaires pédagogiques, évoquant les huit planètes du système solaire, ajoutent une dimension éducative au jardin. Chacun de ces jardins présente des associations de plantes et de matériaux minéraux variés, en référence aux instituts de Zoologie et de Géologie, ainsi qu’au Jardin botanique voisin. Ces espaces renforcent le caractère scientifique et pédagogique du lieu tout en créant un environnement agréable pour les visiteurs.

 

Visuel à la une : Photo © Maxime Delvaux

— retrouvez l’article Le planétarium du Jardin des sciences de l’Université, Strasbourg dans Archistorm 123 daté novembre – décembre 2023 !