PORTRAIT

Sophie Berthelier

 

Déjà à l’Unité Pédagogique n°9, quand elle était encore située quai Malaquais dans l’ancienne École des Beaux-Arts, Sophie Berthelier étudiait l’architecture mais elle fréquentait peut-être davantage les galeries d’art du quartier et les plasticiens que ses camarades d’école. Depuis, son goût et son intérêt pour la matière n’ont jamais failli, en témoignent ses recherches plastiques et techniques sur la matérialité. Aujourd’hui, elle est à la tête de SBBT Architecture avec Benoît Tribouillet. Alors qu’elle vient de recevoir le prix Femme Architecte 2017, retour sur son parcours et ses collaborations.

Diplômée en 1984, Sophie Berthelier débute dans le milieu architectural en participant à la réflexion sur la préfiguration de l’Exposition Universelle que le gouvernement Mitterrandien projette d’organiser à Paris en 1989. Sous la houlette de Gilbert Trigano, elle rencontre alors les architectes contemporains les plus en vogue, de Rem Koolhaas à Norman Foster, sans oublier Jean Nouvel. C’est auprès de ce dernier qu’elle travaille ensuite durant 8 ans, menant – entre autres participations à des candidatures à des concours publics – la conception et la réalisation de l’Inist (Institut national de l’information scientifique et technique) à Nancy ou encore les études du Triangle des gares dans le cadre de l’opération Euralille.

 

Malgré une certaine autonomie et une collaboration enrichissante avec Jean Nouvel, l’appel de l’indépendance se fait plus fort. En 1992, elle rejoint Benoît Tribouillet, ancien camarade d’école, qui depuis 1986 exerce à Chartres avec Philippe Fichet : BFT – les initiales des 3 architectes associés – prend vie et la venue de Sophie Berthelier permet d’ouvrir le champ des réalisations de l’agence aux appels d’offres publics. En 2004, un concours pour la construction d’un gymnase municipal dans la ZAC Les Hauts de Malesherbes, porte d’Asnières à Paris, dont ils sont désignés lauréats, leur offre l’opportunité d’ouvrir une agence dans la capitale en conservant l’antenne chartraine. Depuis 2008, le trio des associés s’est mué en duo – SBBT Architecture – mais Sophie Berthelier et Benoît Tribouillet ont conservé le double ancrage des lieux d’exercice.

 

©Sami Trabelsi

 

Dans le 14e arrondissement, l’agence parisienne s’étend aujourd’hui sur une centaine de mètres carrés au rez-de-chaussée et au sous-sol d’un élégant immeuble des années 1930. Si à l’origine, les lieux abritaient un studio et un laboratoire de photographies, une agence d’architecture y était déjà ouverte avant l’emménagement de SBBT : GGK, d’autres initiales, celles des architectes Bernard Gogois, Claude Guislain et René Le Van Kim dont l’association remontaient aux années 1960. Les lieux sont généreusement ouverts sur la rue : par une fenêtre de très grandes dimensions, sans aucun dispositif d’occultation, c’est la quotidienneté du travail architectural que le passant peut à sa guise observer. Ils sont aussi directement accessibles du trottoir. Pas de sas, de digicode ou d’interphone, on pénètre directement dans la pièce principale. Son organisation et son ambiance, notamment la disposition des éléments mobiliers, rendent immédiatement compte de l’état d’esprit insufflé par Sophie Berthelier et partagé par ses collaborateurs : dans cet « open space », chacun travaille autour d’une grande table centrale favorisant la circulation des connaissances et des informations sur les projets en cours, assurant également la transmission des savoirs entre les membres de l’agence.

 

Visuel à la une : Sami Trabelsi et Cecil Mathieu

Texte : Maxime Decommer

 

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