RÉALISATION

REICHEN ET ROBERT&ASSOCIÉS ARCHITECTES-URBANISTES

 

L’université située en bord de Seine a été pensée par son architecte Édouard Albert comme un quartier moderne destiné à l’éducation des enfants du babyboom et cet objectif a rencontré le succès, comme en témoigne le classement actuel de l’université par rapport à ses concurrentes européennes.

 

Vue de la tour Zamansky, Ses campus, Parvis

 

Une oeuvre d’art en 3 dimensions
Le projet d’un nouvel ensemble universitaire de très grande taille avait tout d’abord été confié à des architectes renommés à l’époque, même s’ils sont tombés depuis dans l’oubli. (…) Pour des raisons à la fois politiques et esthétiques, ce projet fut abandonné lorsqu’André Malraux décida en 1962 de confier la réalisation du nouveau campus à Édouard Albert, un architecte, professeur aux Beaux-Arts et adepte des structures tubulaires.
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Le projet d’Albert pour Jussieu ne sera jamais achevé, l’ensemble des 21 cours prévues à l’origine ne sera pas réalisé et seules quelques oeuvres d’art s’installent dans les 12 cours construites, dégradées au cours du temps faute d’entretien. (…)

Une longue série de projets
Le projet de la rénovation, dont on célèbre l’achèvement cette année, a commencé dans le contexte de l’interdiction de l’utilisation de l’amiante à partir de 1997. Jussieu, au moment du démarrage du désamiantage, fait donc l’objet de très nombreuses critiques récurrentes depuis son ouverture, qui auraient pu entraîner sa destruction pure et simple. (…)
Par ailleurs, un certain nombre de projets avortés émaillent l’histoire du campus, de l’ouverture de l’université en 1972 aux travaux de désamiantage qui commencent en 1996. Notamment le concours de 1992 pour deux bibliothèques, qui va voir s’opposer les défenseurs de l’achèvement du projet Albert, comme Jean Nouvel et Architecture-Studio, et ceux qui comme Rem Koolhaas, soutenu par Jack Lang, veulent le remettre en cause, en proposant une figure pleine, un cube, pour s’opposer aux vides de la grille initiale…

Un processus de rénovation qui s’est enrichi au cours du temps
Quoi de commun entre le premier projet consacré au désamiantage et le dernier qui comporte la création de deux bibliothèques, un espace pour les événements culturels et un auditorium ? Tous ces projets ont posé la question de l’architecture des bâtiments et de la protection au feu des structures métalliques ainsi que celle de l’éclairage naturel des espaces situés dans la dalle. Des questions liées à la circulation, aux usages, aux liens avec la ville ont été également posées aux architectes. La valeur de l’écriture de l’architecture n’a cessé d’être réévaluée au long de ce processus. (…)
Le dernier concours est remporté en 2008 par Architecture- Studio. En réalité, cela fait trente-cinq ans que l’agence travaille sur ce site, depuis la construction de l’Institut du monde arabe et le concours pour les bibliothèques ; elle a donc acquis au fil du temps une bonne connaissance des enjeux et des défis qu’il pose. (…) Le projet d’Architecture-Studio avec Michel Desvigne en 2015 a été de végétaliser le parvis et de le raccorder en pente douce à la place Jussieu.

Plan d’intervention d’Architecture-Studio
© Architecture-Studio

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Questions à Jean-François Bonne, architecte Architecture -Studio:

Jean-Philippe Hugron : Au-delà de ce parti pris urbain, quelles étaient vos intentions architecturales pour ce site ?
Jean-François Bonne : (…) En ce qui concerne l’architecture à proprement parler, nous avions défini trois principes : le respect du parti architectural d’Édouard Albert, la mise en place d’une logique de continuité avec nos confrères et l’apport de lumière naturelle abondante au sein des différentes cours du Gril.

(…)

 

 

 

 

 

Fiche technique :
Maître d’ouvrage : EPAURIF
Maître d’oeuvre : Reichen et Robert&associés architectes-urbanistes
Entreprise générale : Bouygues Bâtiment
Béton de fibre en façade : Betsinor
Bardeaux de brique en façade : NBK Ceramic
Sol des rues intérieures et esplanade : granit Azulnoche, gris castello
Sol dalle Jussieu : pierres calcaires de Chomerac, du Bleu de Hainaut, et de Ruoms
Châssis respirants en façade : entreprise Goyer
Bardage acoustique amphithéâtre : de Terreal
Toiture gonflable translucide de deux patios : ETFE
Surfaces : 107 266 m² SHON
Coût : 274,3 M€ HT

 

Texte : Virginie Picon-Lefebvre
Visuels : © Laurent Ardhuin