REGARDS CROISÉS SUR UNE QUESTION CLÉ

Texte : Christine Desmoulins
Visuel à la une : Rue d’Amsterdam. Pureté de la nouvelle façade en coeur d’îlot. Naud et Poux architectes.

L’impact des immeubles de bureaux façonne l’image des villes. Si les grands sièges parisiens de l’ère haussmannienne en attestent, la lourdeur des volutes marbrées des ensembles tertiaires de la fin du XXe siècle avait fait oublier le raffinement des sièges sociaux fonctionnalistes des années 1970. Par des créations ou la réhabilitation d’immeubles obsolètes, des agences comme Brenac et Gonzalez ou Naud et Poux apportent aujourd’hui un regain d’élégance.

Rue d’Amsterdam. Détail des fenêtres avec leur axe central pivotant et des garde-corps en verre, Naud et Poux architectes © Schnepp Renou

 

Xavier Gonzalez : « Du générique au spécifique, le récit crée l’identité. »

Rue d’Amsterdam. Détail du bel ouvrage qu’est le mur d’échiffre de l’escalier. Naud et Poux architectes © Schnepp Renou

« La livraison de trois bâtiments tertiaires génériques voués à l’accueil d’entreprises de cultures différentes pose la question d’un récit créateur d’une identité afin de passer du générique au spécifique. En écho aux mouvements à la fois lents et rapides de la ville, ils cultivent par ailleurs un aspect cinétique », dit Xavier Gonzalez.

Entre le vide des voies ferrées du quartier Seine Rive Gauche et l’avenue de France, l’immeuble de la Caisse des Dépôts créé avec Vinci est unifié par la peau en tubes d’aluminium émaillé blanc qui habille des façades aux angles de vue changeants et donne à lire les courbes et les arabesques de modules assemblés. Avec deux premiers niveaux en alignement de l’avenue, un corps principal en retrait et un attique en surplomb du corps principal, l’apparente complexité de la géométrie architecturale tire parti de la situation urbaine avec simplicité et sans plancher de reprise.

À Gentilly, en lisière du boulevard périphérique, l’immeuble Riverside pour Sodéarif investit au rez-de-chaussée la totalité de la parcelle, hormis une venelle en limite du mitoyen. Pour articuler des échelles passant de R+7 face au boulevard à R+2 en cœur de quartier, il se développe ensuite en retrait et le traitement différencié des façades à partir d’une peau en aluminium anodisé accompagne cette transition douce. Côté périf, la résille d’acier de la façade mise sur la démultiplication d’une texture uniforme faite de châssis modulaires juxtaposés pour aborder la grande échelle. Au nord, la proue fine et chatoyante de ce bâtiment furtif crée un signal depuis le périphérique, tout en articulant les échelles du lieu. En façade sud, la superposition de balcons filants, des treilles végétalisées et l’épannelage du bâtiment traduisent au contraire une domesticité à l’échelle du paysage de ce quartier de banlieue, tout en offrant des espaces extérieurs à investir en phase avec les nouvelles façons de travailler. (…)

Quai Ouest à Boulogne-Bilancourt Paris Rives Gaucge, Brenac & Gonzalez et Associés © Stefan Tuchila

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