PORTRAIT

AGENCE LAN

 

Fondée sur l’idée que l’architecture est une expérience de vie au croisement de plusieurs disciplines, l’agence LAN, acronyme de Local Architecture Network, défend l’idée d’une architecture subjective intégrée dans un cycle qui la dépasse.

Venu en France pour échapper au service militaire italien, Umberto Napolitano rencontre Benoit Jallon sur les bancs de l’école d’architecture de Paris-Belleville en 1999. Depuis, ils ne se sont plus quittés, même s’ils n’ont fondé LAN qu’en 2002. « Au départ, notre association a été une confrontation permanente sur tous les sujets, mais progressivement nos approches se sont révélées complémentaires. Nous avons appris à tirer parti de nos qualités respectives, c’est ce qui fait notre force. »

Une vision circulaire et subjective de l’architecture
« Le lieu ultime de l’architecture, c’est la ville, qui est aussi le point de départ et la source d’inspiration de toute réflexion. Dans ce cercle, l’architecte vient capter l’ADN du lieu, fabrique un projet qu’il restitue à la ville… en modifiant son identité. » Dans cette vision circulaire de l’architecture, l’agence semble jouer le rôle de pivot, à l’interface de ce qui était et de ce qui va advenir, de l’objet et de la vie, de l’art et de l’architecture, de la commande et du besoin réel.

Parce qu’un bâtiment commence à exister lorsque l’architecte termine son travail, LAN parie sur le projet de vie plus que sur l’objet, qui doit contenir en lui-même un futur autre. C’est pourquoi les architectes réfléchissent à des systèmes qui survivent aux changements de clients et d’usages tout en mettant en place une stratégie qui réponde aux contingences du moment – densité, fonction, économie, conception environnementale. Ainsi d’un immeuble de logements à Paris Saussure (17e), qui rend hommage à la typologie haussmannienne, réversible depuis deux siècles.

LAN revendique également une part de subjectivité : si l’architecte prend en considération toutes les valeurs contextuelles, l’artiste, à l’inverse, part de lui-même pour tendre à l’universel. Or LAN entend faire les deux. Pourquoi ? Pour ne pas réduire son propos aux poncifs du moment. Comment ? En dessinant tout de A à Z, même à l’échelle d’un quartier comme l’îlot Brossette à Nantes, et en reformulant le programme pour le dépasser.

Redéfinir le programme
« Un bon projet, c’est le résultat d’une alchimie entre un client, une attente, un architecte, un site et une entreprise. Tout notre travail consiste à créer cette alchimie. Nous cherchons systématiquement à comprendre la demande fondamentale en faisant abstraction de son expression écrite pour tenter d’y répondre au mieux. Cela suppose un gros travail d’analyse et une forte capacité de dialogue avec le maître d’ouvrage, mais cela permet de faire évoluer le programme, et c’est pour cette aptitude que l’on vient nous chercher aujourd’hui. » Le projet du Théâtre du Maillon à Strasbourg a remis en cause le principe classique du théâtre à l’italienne – foyer, salle, logistique – pour concevoir une « fabrique artistique » avec une « rue », succession d’espaces modulables susceptibles d’accueillir des expositions ou de se réunir. Pour le Grand Palais à Paris, LAN a su démontrer que ce qui était attendu existait déjà. Mais qu’en revanche il serait intéressant d’apporter davantage de flexibilité aux salles d’exposition. « Nous leur avons présenté le bâtiment sous un jour nouveau, puis nous avons reformulé ensemble un programme à partir du potentiel que laissait entrevoir notre projet. Ce fut long, mais au final, le projet ne change pas grand-chose au Grand Palais tandis qu’il améliore des usages non formulés. » (…)

 

 

Texte : Delphine Désveaux

Retrouvez la suite de ce portrait dans le n°70 d’ArchiSTORM