Campo di Marte, Nathalie Du Pasquier
Mrac Sérignan
Du 16 avril au 25 septembre 2022

 

Campo di Marte est la première grande exposition de Nathalie Du Pasquier dans un musée français. Pour l’occasion, le Mrac de Sérignan (34) accueille l’artiste en déployant l’espace nécessaire pour construire une scénographie-dédale, ponctuée de peintures, de dessins, de gravures et de constructions tridimensionnelles.

Campo di Marte. Le Mrac devient, avec Nathalie Du Pasquier, un champ de Mars, un parterre que l’on foule en errant à travers une scénographie labyrinthique à taille humaine. En explorateur-visiteur, on part dans la quête ludique de la tridimensionnalité. Jouant avec nos repères spatio-temporels, l’artiste investit les lieux (sur deux étages) entre figuration et abstraction, entre représentation bidimensionnelle et volume.

Conçue en coproduction avec le MACRO, à Rome, qui a accueilli le premier volet de cette rétrospective, Campo di Marte revient sur 40 années de production, présentant plus d’une centaine d’œuvres.

« Il est important de dé-monumentaliser les œuvres »

Autodidacte, Nathalie Du Pasquier a été designer au sein de Memphis dès 1981, un groupe de designers pour lequel elle réalise des peintures, des sculptures, des dessins, des maquettes, des constructions, des tapis, des livres et des céramiques. Les réminiscences de ce travail, qu’elle abandonne pour se consacrer entièrement aux arts plastiques en 1987, ressurgissent dans certaines formes de l’exposition et dans cet intérêt marqué pour la déhiérarchisation de l’œuvre d’art. Ainsi, comme dans un jeu de trompe-l’œil, les œuvres sculptées et peintes s’enchevêtrent avec leur support.

« Le moindre élément [du réel] peut être transformé et transporté dans un autre univers »

Dans ce jeu de perspective, les objets inanimés que l’on rencontre, en aplat sur le mur ou sur la toile et sous forme de sculptures, se confondent. Le vocabulaire déployé participe au leurre. Le travail des fresques, aux couleurs multiples, quand il n’est pas pure abstraction, représente des formes géométriques : cubes, rectangles, mosaïques, etc. Dans cette constellation de motifs viennent se superposer des toiles qui figurent différents éléments : des architectures schématisées, quelques figures humaines et animales, un peu de végétaux et de formes que l’on devine minérales. On retrouve aussi la présence de peintures qui mettent en scène des objets du quotidien (brosse, clef à molette, bouteille, coquillage, volant de badminton, etc.).

Les peintures proposant des assemblages sculpturaux sont en grand nombre dans l’exposition. Avec une forme d’illusion d’optique et de mise en abyme, ces dernières font écho à la scénographie, aux objets sculptés et aux fresques. Parfois, du texte vient même s’immiscer dans ce dialogue silencieux, auquel l’artiste d’ailleurs n’impose pas de discours.

Au Mrac, Nathalie Du Pasquier orchestre une chorégraphie à la fois épurée, dense et complexe. Une harmonie qui trouve son équilibre dans sa capacité à modifier notre rapport à l’espace qui nous entoure.

Texte : Camille Tallent
Photos : Vue de l’exposition « Campo di Marte » de Nathalie Du Pasquier, Mrac Occitanie à Sérignan, 2022 © Aurélien Mole.

— retrouvez l’article Art & Architecture sur l’exposition Campo di Marte, dans Archistorm 115 daté juillet – aout 2022