Zoku Hotel investit les trois derniers étages du Stream Building – l’un des 22 projets lauréats de Réinventer Paris – conçu par Philippe Chiambaretta à la porte de Clichy. En vis-à-vis du tribunal de grande instance et de la Maison des avocats signés par Renzo Piano, cet « équipement privé d’intérêt général » vient « magistralement » parachever le secteur « périphérique » du nouveau quartier Clichy-Batignolles.

Stream Building, équipement privé d’intérêt général

« Dans ce quartier neuf au pied du futur tribunal, l’absence de lieux de vie était frappante, constate Philippe Chiambaretta. Le Stream Building a été imaginé comme un hub relationnel, une maison pour tous qui rassemble sous un même toit toutes les activités d’une vie urbaine dense. Faisant exploser les logiques monofonctionnelles, il crée une coexistence inédite entre différentes formes de travail, de séjour, de restauration et d’activités culturelles. Il offre une destination attractive tout au long de la journée pour les habitants du quartier et de la métropole parisienne. » Pour ce faire, l’architecte a réuni autour de son agence, PCA Stream, le promoteur Hines, la foncière Covivio, la jeune enseigne hôtelière Zoku et la start-up Topager.

Administré par une société coopérative d’intérêt collectif, le Stream Building se veut une plateforme d’hospitalité multifonctionnelle, un catalyseur de rencontres, de sociabilité et de sérendipité créant sa propre centralité grâce à une coexistence inédite entre différentes formes d’usages. Il comprend un rez-de-chaussée à vocation commerciale (supérette, restauration diverse), quatre étages de bureaux en blanc, trois autres accueillant l’hôtel hybride Zoku, tandis que des panneaux photovoltaïques et un potager de 300 m2 s’implantent sur sa toiture-terrasse.

Croquis restaurant

« Modulaire et évolutif, son système constructif se constitue d’une structure bois et de noyaux en béton. Choisi pour son remarquable bilan carbone, le bois permet un chantier plus rapide et peu nuisible. La trame structurelle unique de 3,6 m, qui s’exprime par une géométrie carrée en façade, permet d’accueillir une grande variété de programmes : espaces de travail, résidence hôtelière, restaurants, commerces, salle de sport, etc. Cette structure est revêtue d’une enveloppe bioclimatique. Les baies toute hauteur créent des espaces ouverts et lumineux. Le traitement de l’enveloppe est différencié selon les orientations du bâtiment. La grande façade sud-ouest est en double peau ventilée quand la façade nord est en simple peau. La production photovoltaïque en toiture couvre une grande partie des besoins énergétiques du bâtiment. L’écriture domestique et uniforme de cette façade autorise une programmation évolutive, voire une mutabilité intégrale. La conception du bâtiment, de ses planchers, de ses systèmes techniques comme de sa sécurité incendie permet la réversibilité totale de ses destinations, ce qui en fait un prototype d’architecture résiliente, s’adaptant aux fluctuations des populations et du marché. […] Sa façade volontairement sobre, en écho à celle du TGI voisin, constitue la toile de fond sur laquelle se déploie un tableau vivant permanent. Sa trame structurelle en bois se prolonge en exosquelette à la pointe du bâtiment pour devenir le support d’une programmation artistique dans l’espace public. »

Une communauté prospère de global nomads

Cofondateur de la chaîne néerlandaise Citizen M, Hans Meyer constate dès 2009 le mouvement émergent des entreprises itinérantes collaboratives dont les travailleurs nomades, mêlant loisirs et travail, aiment voyager léger. Pourtant, aucune offre adaptée à ce type de voyageurs d’affaires n’existe alors. Tout en poursuivant ses activités de chef d’entreprise, il emprunte leur mode de vie en séjournant six mois durant à Buenos Aires, Bali et Washington. En 2011, il crée Zoku avec Marc Jongerius, spécialiste du capital-investissement..

Mais qui sont ces global nomads ? Ce sont à 80 % des milléniaux, majoritairement des femmes de 25 à 45 ans, qui se déplacent de cinq jours à trois mois. Ces consultants, directeurs des ventes, responsables marketing, chefs de projets, pour la plupart issus des secteurs techniques et créatifs, travaillent à toute heure de la journée – grâce à un Wi-Fi rapide et fiable – sans pour autant renoncer aux loisirs.

© Ewout Huibers

Adaptés aux moyens et longs séjours, les 109 lofts parisiens se déclinent en sept types, de 24 à 30 m2 : à la fois compacts et spacieux, ils se développent non pas autour du lit mais de la table du séjour, qui permet de travailler, se restaurer, mais aussi recevoir grâce à sa cuisine intégrée (Siemens). Les 2,80 m sous plafond autorisent le déport du couchage en mezzanine accessible via un escalier escamotable. De la vaisselle, des ustensiles, des accessoires décoratifs sont disponibles gracieusement aux fins de personnaliser « sa » maison à son goût. La chambre est refaite tous les trois jours, une lingerie permet de faire sa lessive, son repassage…

L’accueil s’opère au septième étage autour d’un grand bar en partie en libre-service. Ce niveau concentre l’ensemble des aménités propices tant au travail (espaces de coworking, salles de réunion ou de séminaires-

réception) qu’à la rencontre (restaurant, lounge, fitness, terrasse…). En dehors des horaires étendus d’ouverture du pôle restauration, un corner fromages et charcuteries (Oh La La) fait office de room service !

Zoku étant une entreprise de bon voisinage, les animations qui y sont programmées – y compris en relation avec des associations locales –, les espaces de coworking et le restaurant – terrasse comprise – sont accessibles tant aux résidents qu’aux utilisateurs du Stream Building et aux riverains.

« Si Zoku était un cocktail, il serait composé d’un tiers de rationalisme néerlandais, d’un tiers d’esthétique scandinave et d’un tiers de minimalisme japonais, le tout agrémenté d’une pincée d’espièglerie », résume Rob Wagemans, le fondateur de l’agence Concrete, auteur du concept architectural.

 

Texte : Lionel Blaisse
Visuel à la une : © Ewout Huibers

— retrouvez l’article sur Zoku, hôtel hybride singulier pluriel, Paris, concrete dans Archistorm 121 daté juillet – août 2023 !