LA TERRE CRUE EN MILIEU URBAIN

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Réinventer la vie et la respiration dans nos villes… se reconnecter à la TERRE.

 

La ville concentre les désirs et frustrations des citadins. Espace fortement convoité et si concentré, bruyant et parfois si anonyme, il défie chaque jour l’utopie du vivre ensemble. Comment repenser la ville, bâtir des espaces partagés dans lesquels chacun puisse trouver sa place et s’épanouir ? Comment faire émerger de nouveaux modèles de vie urbains, recréer une biodiversité urbaine, imaginer des surfaces cultivables, des solutions de mobilité fluide et surtout reconnecter l’homme à la nature et à la terre… ? Autant de questions, reflets des préoccupations d’une société en quête de sens, qui aiguisent un peu plus chaque jour notre envie en tant qu’architectes de redessiner et réinventer la ville en repoussant les limites du possible.

 

Makeba © Frédéric Delangle

 

L’architecte doit se positionner en miroir de la société, être à l’écoute de ses aspirations les plus profondes, se nourrir au quotidien du questionnement perpétuel des citoyens, aller puiser au cœur même des enjeux sociaux et environnementaux, pour apporter des solutions nouvelles, des réponses concrètes à un monde en profonde mutation.

Pour être moteur de cette évolution de la ville, l’architecte doit se poser en laboratoire d’idées, ouvert et inspirant, humaniste et novateur, en chercheur insatiable à l’affût de « nouveaux possibles ». Une vision qui nous est chère chez toa | et qui rend notre métier si passionnant.

Ainsi nous nous sommes intéressés à la terre crue bien avant que soit posée la question de la réutilisation des déblais de terre générés par les nombreux chantiers, notamment ceux du Grand Paris.

Ce matériau naturel, symbole même d’une terre nourricière, est pourvu de qualités exceptionnelles tant sur le plan hygrothermique que d’un point de vue phonique, écologique ou même esthétique, d’où notre interrogation à l’époque : est-il possible de construire en terre crue un bâtiment accueillant du public en Île-de-France ?

 

Makeba © Frédéric Delangle

 

Retour d’expérience.

 

Le groupe scolaire Miriam-Makeba, qui vient d’ouvrir ses portes en septembre 2019 et accueillir ses premiers élèves, démontre aujourd’hui le possible recours à la terre crue en situation urbaine dense.

Cet établissement BEPOS conçu pour minimiser ses impacts et générer plus d’énergie qu’il n’en consomme fait figure de « prototype ». Les 300 tonnes de terre mises en œuvre pour la construction des 1300 m2 de murs en pisé contribuent à la performance du bilan carbone et apportent une dimension nouvelle « entre ciel et terre ».

 

Makeba © Frédéric Delangle

 

Dans un environnement très dense principalement déployé dans la verticalité, notre parti pris a été d’inscrire ce nouveau lieu de vie et d’apprentissage de façon légère et aérienne dans le panorama nouvellement redessiné du quartier de Nanterre-Université. « Ancré au sol par son fondement en terre crue, suspendu au ciel par l’immatérialité de sa vêture inox, le groupe scolaire Miriam-Makeba se fond dans l’horizontalité du paysage. »

Réinventer, c’est requestionner…  En nous engageant dans cette première réalisation en terre crue d’Île-de-France, nous avons fait le choix de l’innovation et de l’expérimentation. Un parti pris novateur qui a séduit la Mairie de Nanterre. Cette dernière, fidèle à sa tradition d’innovation en matière d’architecture, était prête, pour ce nouvel équipement à vocation éducative accueillant un public très jeune, à s’ouvrir à des matériaux alternatifs.

 

Texte : Agence TOA et Laurence Guigou

Crédits photos : Frédéric Delangle

Retrouvez l’intégralité de cette tribune dans le numéro 100 du magazine Archistorm, disponible en kiosque.