AGENCE LAN 

le goût du risque, l’inventivité et la complémentarité

 

Depuis sa la création en 2002 par Benoît Jallon et Umberto Napolitano, l’agence LAN (pour Local Architecture Network) n’a cessé d’enchaîner les succès. Lauréate des Nouveaux Albums des jeunes Architectes en 2004, nommée au Prix de l’Equerre d’Argent en 2011 puis en 2014, couronnée par de multiples prix internationaux et lauréate de projets d’ampleur aux typologies variées comme le Grand Palais à Paris, le Théâtre Le Maillon à Strasbourg, la tour Euravenir à Lille ou encore un ensemble de logements participatifs à Hambourg, l’agence coche toutes les cases d’une réussite achevée. Installés depuis l’hiver dernier dans de magnifiques locaux qu’ils ont eux-mêmes conçus rue Popincourt dans le 11e arrondissement de Paris, les fondateurs n’ont pourtant pas l’intention de freiner leur progression et semblent déterminés à accumuler les projets, à se confronter à de nouveaux challenges, tout en prenant soin d’entretenir un rapport réflexif sur leurs méthodes de travail et sur l’architecture en tant que discipline. Nourrie par la différence profonde et la complémentarité non dissimulées qui existent entre les deux fondateurs, cette dynamique donne lieu depuis moins de deux ans à une nouvelle organisation au sein de l’agence. Un changement de cadre, de structuration des équipes, une attention accrue portée à ce qui fait l’identité de l’agence aujourd’hui, à la manière dont ils conçoivent le rôle de l’architecture aujourd’hui… Autant d’éléments qui semblent porter leurs fruits dans le travail de recherche et de conception qui anime au quotidien l’agence et sa cinquantaine de collaborateurs.

Vue de haut des locaux de l’agence

Si LAN est encore considérée comme une jeune agence au sein du paysage français et que son identité est toujours en construction, elle a composé dès le départ, dès le tout premier projet qu’Umberto Napolitano et Benoît Jallon ont réalisé ensemble, avec ce qui fait sa force aujourd’hui : le goût du risque, l’inventivité et la complémentarité. C’est à l’Ecole d’Architecture de Paris – La Villette, en 2001 que tout commence. Cette année-là, les deux étudiants doivent obtenir leur diplôme et font le pari un peu fou de ne pas faire de projet mais de réaliser un livre, de monter un scénario et de produire une exposition à laquelle le jury est convié. « Ce livre racontait l’histoire d’un homme et d’une femme qui vivaient dans la maison du futur, issue d’un concours que nous avions gagné Benoît et moi quelques mois plus tôt, explique U. Napolitano. Dans ce scénario, nous voulions explorer les changements qui pourraient se produire si nous laissions de côté l’idée de propriété pour se concentrer sur l’idée d’accès aux choses. L’idée du diplôme était de faire entrer le jury dans les bureaux d’une société imaginaire qui proposerait un accès à l’habitat à des gens qui accepteraient en échange de devenir les supports publicitaires de la société. Nous avions construit toute une scénographie, trouvé des sponsors pour meubler les bureaux et publié un livre de façon à ne pas avoir besoin de parler pour que le jury comprenne parfaitement notre projet. Et ça a marché. » Au-delà de la dynamique et de l’esprit d’entrepreneuriat qui caractérise un tel projet de fin d’étude, l’idée de questionner ce qui est sur le point d’advenir et de penser des scénarios incarnés à travers une scénographie est sûrement ce qui marqua le plus le jury.

Locaux de l’agence

Ce jeu entre besoins et projections, cette recherche permanente entre ce qui doit être et ce qui pourrait être, la création d’environnements spécifiques et évolutifs, la prise en compte de toutes les échelles, le travail sur la matière… Il y avait déjà dans ce projet de diplôme les éléments clés de la réussite actuelle de l’agence LAN. « Notre travail au sein de l’agence consiste à rechercher et à concevoir des formes qui puissent être suffisamment autonomes pour qu’elles puissent générer un potentiel fort, qu’elles puissent être ré-interprétées collectivement et in fine suivre le chemin évolutif du lieu où elles se trouvent ou de la société à laquelle elles sont dédiées, résume U. Napolitano.» En cela, les projets de l’agence sont le miroir de la manière dont ils sont fabriqués : comme des paris sur l’avenir, des scénarios de ce qui peut potentiellement advenir. Mais pas seulement. Car faut-il encore, pour formuler des projections futures, être capable d’avoir une approche extrêmement rigoureuse des programmes et des attentes des clients.

 

Texte : Adrien Pontet

Crédits photos : Juan Jerez del Valle

Découvrez l’intégralité de ce portrait dans le numéro 99 du magazine Archistorm, disponible en kiosque.